Bénin/Politique : Le parti Fcbe dénonce les dérives du pouvoir Talon (Les Cauris mettent en garde contre le tripattouillage programmé du fichier électoral)


Le parti de l'opposition Fcbe a tenu un point de presse ce lundi 19 août 2019 à son siège à Gbèdjromèdé.
 L'arrêté interministériel interdisant la délivrance des actes d'autorité aux personnes ayant des démêlés avec la justice, l'évaluation des enseignants reversés de 2008 programmée contre vents et marées et la désignation des membres devant siéger au Cos-Lépi par l'Assemblée installée contre la volonté de plus de 80% de béninois sont les principaux points objets de cette rencontre avec la presse. La déclaration est lue par le porte-parole du parti, l'honorable Nourénou Atchadé, entouré d'autres responsables tel que Amos Elègbè, Eugène Azatassou, Dafia Abiba et Justin Adjovi. Fcbe n'est pas d'accord avec l'arrêté indiqué de même que ce qu'il appelle "un tripatouillage" de plus, car cette assemblée nationale n'est ni légitime ni portée par le peuple et par conséquent ne saurait se fabriquer une opposition et une mouvance valable pour toucher au fichier électoral national. Le porte-parole Nourénou Atchadé et le parti de l'ancien président de la République Boni Yayi ont apporté leur soutien aux enseignants visés par une évaluation diagnostique qui cache "une idée de licenciement massif".
Le porte-parole du Fcbe, Nourénou Atchadé, entouré de ses collègues, a lu la déclaration 

Lire la déclaration du parti Fcbe :

Mesdames, Messieurs
Bonjour
Ces derniers jours, notre pays a connu des dérives autoritaires que le parti FCBE ne saurait passer sous silence. Il s’agit entre autres :
Ø de la récente désignation des membres devant composer le Conseil d’Orientation et de Supervision de la Liste Electorale Permanente Informatisée (COS-LEPI) ;
Ø de l’arrêté interministériel portant interdiction de délivrance d’actes d’autorité à des personnes recherchées par la justice en République du Bénin ;
Ø et enfin de l’évaluation à laquelle seront soumis les enseignants reversés de la promotion 2008 ;
Mesdames et Messieurs,
Chers compatriotes,
Vous êtes tous témoins que depuis avril dernier, le président Patrice Talon et ses alliés se sont distribués la totalité des sièges que compte l’Assemblée nationale. Cela est malheureusement passé par du sang des innocents versés. Une fois encore, nous nous inclinons devant leur mémoire.

Il est donc évident que le Bénin de nos jours ne dispose pas d’une représentation nationale. Mais dans l’idée de maintenir le cap de ce coup de force institutionnel, les partisans du président Patrice TALON veulent persister dans la violation des lois de la République. Malgré leur défaut de légitimité, ils comptent dorénavant s’accaparer du fichier électoral national aux fins de le manipuler à leur guise. Sinon, comment osent-ils, à la suite de leur forfaiture du 28 avril2019, vouloir maintenant toucher au fichier électoral, alors qu’en la matière, la législation est claire ?
En effet, la loi N°2012-43 du 05 février 2013 portant apurement, correction, mise à jour et actualisation du fichier électoral national et de la Liste Électorale Permanente Informatisée (LEPI), en son article 6 dispose :
« De la composition du Conseil d'Orientation et de Supervision (COS)
Le Conseil d'Orientation et de Supervision est composé de onze (11) membres désignés comme suit :
- cinq (05) députés par la majorité parlementaire
- quatre (04) députés par l'opposition parlementaire
- du directeur général de l'Institut National de la Statistique et de l'Analyse Économique
- du directeur du service national de L'État Civil (…) »
Au vu de la loi, il est impossible de mener quelque action que ce soit sur le fichier électoral, puisque cette Assemblée monocolore à la dévotion du Président Patrice TALON, ne saurait constituer en même temps, une mouvance et une opposition, pour former, conformément à la loi, le COS-LEPI, et garantir la transparence, la crédibilité et la fiabilité de cet instrument démocratique. Tout le peuple béninois et la communauté internationale, sont au courant de ce que les partis qui constituent l’opposition à la gouvernance actuelle de notre pays ont été purement et simplement empêchés de prendre part aux élections législatives. Ils en ont été exclus. En conséquence, l’opposition n’est pas représentée dans ce simulacre de législature. Il n’est donc pas possible à cette pseudo-assemblée de désigner des députés au nom de l’opposition.
Mais comme depuis lors, ce parlement d’une autre époque dirigé par l’honorable Louis G. VLAVONOU, fabrique selon les circonstances, la mouvance et l’opposition, on n’est donc pas étonné que le 14 août dernier, l’on en soit arrivé à désigner neuf (09) députés de la mouvance pour siéger au sein du COS –LEPI.
Le fichier électoral qui sera issu de ce tripatouillage, ne sera ni fiable, ni accepté par le peuple souverain qui est attaché à sa démocratie et à des élections libres, équitables et transparentes.

Il est temps que le pouvoir dit de la rupture réalise que la forfaiture doit s’arrêter, et qu’il ne saurait avoir une assemblée nationale où les députés sont entièrement nommés dans une démocratie.
C’est aussi le moment pour le Président Patrice TALON et son régime, face à ces insuffisances institutionnelles, de se convaincre que le Bénin doit impérativement procéder à l’organisation d’élections législatives inclusives, transparentes en vue d’élire les représentants de la Nation pour la 8ème législature.
Dans cette logique d’exclusion, par l’arrêté interministériel N°23/MJL/DC/SGM/DACPG/SA/023SGG19, du 22 juillet 2019, le Ministre Séverin QUENUM de la Justice et son collègue Sacca LAFIA de l’Intérieur, ont interdit aux agents publics d’établir et de délivrer aux personnes recherchées par la justice des pièces et actes administratifs de l’autorité. Il s’agit des pièces fondamentales et indispensables à la justification d’appartenance d’un individu à une Nation telles que l’extrait d’acte de naissance, le certificat de nationalité, la carte nationale d’identité, le passeport, etc. Un tel arrêté viole lourdement des droits de l’homme et est de nature à rendre le climat social tendu, alors que cela ne l’est déjà que de trop depuis un moment. Dans notre pays le Bénin, prendre de pareils arrêtés revient à confirmer que nous ne sommes plus dans un pays démocratique.
Car, il viole :
· la loi fondamentale du Bénin, c’est-à-dire la Constitution du 11 décembre 1990, en ses articles 17 relatif à la présomption d’innocence et 98 qui offre à ces actes mentionnés plus haut, un pouvoir légal donc relevant du pouvoir législatif ;
· la Charte africaine des droits de l’homme et des Peuples en son article 7 ;
· le Pacte international relatif aux droits civils et politiques
· et la Déclaration universelle des droits de l’homme, qui est partie intégrante de la Constitution du Bénin, en ses articles 11 et 15.
Plus scandaleux, cet arrêté est porté par des personnes qui ont hier dénoncé, fustigé et combattu des pratiques similaires, de quoi montrer au peuple qu’ils n’ont jamais été au service de la démocratie ni du peuple, mais plutôt au service d’un homme, d’un maître. Il manque donc cruellement de sincérité.
Il est donc clair que le Président Patrice TALON et sa clique poursuivent inlassablement la mise en action de sa profession de foi selon laquelle il faut soumettre tout le monde pour ne plus avoir d’adversaires à même de le combattre aux présidentielles de 2021.
Et pour y arriver, l’homme d’affaires au pouvoir ne ménage aucun effort dans la vassalisation des institutions de la République, l’instrumentalisation de l’appareil judiciaire et la mise sous boisseau des différents secteurs d’activités. C’est dans cette même logique que l’ancien Premier Ministre, candidat malheureux aux dernières élections présidentielles et avant tout personnalité respectée de par le monde, le compatriote Lionel ZINSOU, dans un procès inique et factice, a été condamné « à cinq ans d’inéligibilité pour toutes les élections à venir au Bénin » et à six mois d’emprisonnement assorti de sursis.
Dans cette volonté de soumission des personnalités, plusieurs compatriotes se sont retrouvées soit en prison, soit en exil. En ce jour lundi 19 août 2019, le parti FCBE tient à témoigner :
§ son soutien ferme et indéfectible à tous les exilés, quel que soit leur bord politique
§ sa compassion et sa solidarité à tous les détenus politiques et à leurs familles respectives.

Mesdames et Messieurs de la presse,
Chers compatriotes
Le mardi 23 juillet 2019, à l’issue de la rencontre qu’a eue le Chef de l’Etat avec les Centrales et Confédérations syndicales à la Présidence de la République, il est ressorti que les enseignants reversés de la promotion 2008 seront soumis à une évaluation diagnostique qui mettra bon nombre d’entre eux au chômage.
Le parti FCBE exprime toute sa tristesse face à ce drame qui se prépare contre des compatriotes. Tristesse parce que comme à son habitude, le gouvernement dit de la rupture n’a fait que trouver une autre fenêtre d’application de la ruse et de la rage. On le sait tous.
Depuis son avènement en 2016, le pouvoir TALON ne brille que par les licenciements dans tous les domaines. C’est alors que venant au tour des enseignants, l’on compte simuler une évaluation qui n’a autre chose dans le fond que l’idée d’un licenciement massif. Pour preuve, l’évaluation à laquelle le gouvernement s’obstine à soumettre les enseignants ne répond à aucune norme légale, car cela ne respecte en rien les mécanismes d’évaluation prévus aux enseignants en matière de classe. Souvenez-vous qu’au départ lorsque le gouvernement a évoqué la question de l’évaluation des enseignants, tous étaient concernés.
Mais curieusement depuis peu, sont montrés du doigt comme la gangrène de l’école béninoise, les 18.567 enseignants ACE reversés de la promotion 2008.
Chers amis de la presse ;
Dans l’espace UEMOA, le ratio masse salariale-recettes propres ne doit pas excéder 35%.
Pour ne pas être en déphasage avec ce taux de convergence, tout Etat-membre de l’union a la possibilité d’agir sur la masse salariale ou sur ses recettes fiscales.
Au Bénin, au lieu que le gouvernement mette les enseignants au chômage, il aurait été préférable qu’il agisse sur les charges politiques en procédant à une diminution des salaires astronomiques du Président de la République, de ses ministres, de ses députés nommés, de ses préfets, de ses employés à la Présidence de la République, du personnel des multiples agences récemment créées, etc. De plus, conviendrait-il de lever les exonérations faites aux nombreuses sociétés du clan au pouvoir afin d’accroître les recettes fiscales du Bénin.
L’autre raison cachée de cet acharnement sur les enseignants, est due à la volonté du pouvoir mercantiliste du président Patrice TALON de recourir à des sociétés d’intérim pour gérer désormais le corps des enseignants ; un service exclusivement régalien qui, malheureusement, comme d’autres secteurs, sera privatisé.
Or ces sociétés qui seront chargées de mettre les enseignants à la disposition de l’Etat, dans l’optique de maximiser leurs bénéfices, payeront des salaires de misère à ceux-ci. Recourir donc à un licenciement des enseignants n’est qu’un faux-fuyant. Et c’est avec beaucoup d’amertume que le parti FCBE accueille cet acharnement contre les enseignants de la promotion 2008 et de surcroit le peuple béninois. Oui le peuple béninois, car il est de notoriété publique que derrière chaque fonctionnaire, se trouvent un minimum de six (06) personnes qu’il héberge et nourrit. Il est donc loisible d’apprécier les dégâts. Car en dernière analyse, ce ne sont pas 18 567 enseignants seulement qui seront mis dans la précarité mais 18 567 multiplié par 6, soit plus de 111 000 fils et filles de ce pays qui le seront.
Diantre ! Quel est ce pouvoir qui ne connait contre son peuple que l’exclusion ?
Quel est ce pouvoir qui depuis que le peuple, dans sa naïveté, l’a installé, ne fait que défaire les installations de son prédécesseur ?
Au lieu de semer la joie dans le cœur des Béninois comme il l’a promis durant la campagne électorale et à son investiture, ses projets ne sont que malheur et désolation pour notre peuple.
Le Parti FCBE dénonce le gouvernement dans ses différents actes qui violent les textes de la République.
Il s’insurge contre cette volonté manifeste des princes au pouvoir de faire du Bénin leur chasse gardée.
Le Parti FCBE condamne cette attitude des gouvernants qui consiste à éliminer au fil du temps, de potentiels candidats aux différentes élections. Il condamne avec vigueur l’arrêté interministériel évoqué supra et invite ses signataires à se rétracter immédiatement.
Le Parti exige du pouvoir du Président Patrice TALON de faire une croix sur le projet macabre consistant à mettre au chômage sous le couvert d’une prétendue évaluation, des enseignants reversés de la promotion 2008 malgré leur bonne expérience professionnelle. Tout entêtement du gouvernement condamnerait une bonne frange de la population à la précarité.
Enfin, le Parti FCBE reconnait aux braves enseignants qui sont les principaux préparateurs de l’avenir de la Nation, leur légitime opposition à ce cirque de la rupture et les appelle à la sérénité et à la solidarité pour empêcher ce crime social de se produire. En tout état de cause, les enseignants reversés de la promotion 2008 peuvent compter sur le soutien indéfectible du parti FCBE dans leur lutte pour la sauvegarde de leur emploi.
Vive le Bénin démocratique !
Vive le peuple souverain !
Vive le parti FCBE !
Fait à Cotonou, le 19 août 2019

LE PARTI FCBE

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