Verrouillage des frontières bénino-nigérianes : Abuja durcit le ton



C’est verrouillé le 20 août 2019. Le président de la République fédérale du Nigéria, Muhamadu Buhari  a décidé d’être draconien face à la contrebande. Une lutte est alors engagée pour filtrer de façon millimétrée les entrées et sorties au niveau de ses frontières avec les pays voisins dont le Bénin. A l’origine, il est annoncé une durée de 28 jours pour cet exercice. Mais passé ce délai, il n’en est toujours rien au Bénin. Conséquences, les échanges commerciaux sont mis en berne, la douane du pays est en souffrance. La situation devient de plus en plus inquétante au point où le ministre béninois chargé du plan et du développent, Abdoulaye Bio Tchané sort du silence pour indiquer clairement qu’au cas où la situation va perdurer, c’est toute l’économie du Bénin qui en recevra le coup fatal.
Malheureusement, cette prévision risque d’arriver. Plus d’un mois, rien n’a changé. Abuja reste ferme sur sa décision et la renforce d’ailleurs. Le patron de la douane du géant voisin de l’Est, Hammed Ali s’est fait clair à Maigatari la semaine écoulée. Selon ses dires dires, les choses vont rester en l’état « jusqu’à ce que les pays voisins respectent les politiques protectionnistes du Nigéria sur produits agroalimentaires et les politiques de lutte contre la contrebande des hydrocarbures, et des armes ». Le dénouement ne semble donc pas proche. Des indiscrétions annoncent déjà ce verrouillage des frontières jusqu’au mois de décembre.
Talon et Buhari respectivement président du Bénin et du Nigéria

L’échec de la démocratie béninoise ?
Béninois lambda, les opérateurs économiques premiers concernés par un verrouillage des frontières Bénin-Nigéria ne savent plus à quel saint se vouer. Depuis le début de cette affaire devenue une grande et grave crise, les autorités béninoises semblent observatrices. Du moins, rien ne semble payer dans les efforts qu’ils ont dû faire pour régler le problème. Le Chef de l’Etat, Patrice Talon et ses collaborateurs n’ont rien annoncé aux Béninois pour leur donner espoir. Aussi, on peut conclure la mauvaise posture adoptée par Cotonou avant et au début de cette décision d’Abuja. On se rappelle le lynchage médiatique dont le puissant homme d’affaires nigérian, Aliko Dangoté a fait objet. De la même manière, on rien n’échappe à qui que ce soit sur une communication à outrance évoquant une probable injonction de la Cedeao à Buhari.
Que le Nigéria maintienne sa décision vis-à-vis du Bénin n’est en rien une bonne nouvelle. Mais la vérité est que Patrice Talon et la rupture se montrent comme des élèves mal classés en matière de diplomatie. Le gouvernement du Bénin va devoir donc repenser sa manière de faire avec les autres pays du monde. Comparaison n’est pas raison, le Bénin a déjà connu de pareil cas, même si ce n’était aussi profond, mais tous ont vu les méthodes de règlement utilisés par les hommes forts de ces époques. Curieusement, il se dit par les autorités du grand voisin de l’Est que Patrice Talon du Bénin sait quoi faire pour décanter la situation. Mais pourquoi il ne le fait pas ? De toutes les façons, les Béninois n’en peuvent déjà plus et une accélération des démarches adéquates s’imposent aux autorités.
Par Clément WINSAVI

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