Bénin : Les partisans de la violence dans une puante hypocrisie

 

Le Bénin traverse une période électorale délicate. Dans ce cas, le premier magistrat du pays détient le code de déverrouillage pour éviter à sa terre une tension électorale. Mais incapables de tenir un langage de vérité, certains partisans de Patrice Talon tentent d’indexer l’opposition comme celle qui attise le feu de la violence. 


Clément WINSAVI



Cela ne fait aucun doute. Le Bénin est mal en point. Pour une troisième fois en cinq ans, le pays vit de moments cyniquement désagréables dus à la volonté du président de récidiver dans son régal de toujours ‘‘compétir’’ en ayant pour adversaire lui-même. En 2019, Emmanuel Tiando, le président de la Commission électorale nationale autonome (Cena) a été chargé de verrouiller les législatives par des fautes mineures qui passent contre les fautes majeures qui trépassent. Dans la dure expérience de fusillade, de chasse à l’homme, de gaz lacrymogène et de chars, 83 partisans du chef de l’Etat ont été désignés pour occuper les tables et bancs du parlement. En 2020, ce sont des maires désirés par le camp présidentiel qui ont été installés au grand dam des citoyens élus par leurs pairs pour diriger les communes. Le président Patrice Talon a ainsi organisé deux ‘‘élections’’ en République du Bénin.

Voici venu le moment venu pour le prince de rééditer l’exploit : une présidentielle sans compétition. Face à cette situation, des béninois qui n’ont pas digéré l’affront que leur fait le chef de l’Etat depuis trois ans quand il est question d’élection ne cessent de crier leur ras-le-bol. Le peuple avec les leaders de l’opposition appellent donc incessamment Patrice Talon aux fins de corriger le tir afin d’éviter 2019 bis. La solution apparaît pour simple ; une élection présidentielle libre, ouverte, équitable et transparente que même les Etats-Unis ont souhaité. Au contraire, la rupture et son maître foncent la tête baissée, plongeant le Bénin dans une lourde menace de crise électorale.


Pour la violence la nuit et amoureux de la paix le jour


Pendant qu’il est clair que la privation du peuple souverain de son droit de choisir librement, une grave violation des principes démocratiques, reste indéniablement le stimulant par excellence de la violence, au lieu de s’adresser au président béninois qui seul détient la clé pour désamorcer cette bombe à retardement, certains éhontés et antipatriotiques de la République orientent plutôt leurs fusils vers l’opposition pour l’accuser d’instigatrice de la violence. Jacques Ayadji et sa Moelle devaient par exemple inviter leur leader à ouvrir l’élection à tous. Mais étant adepte de la destruction des acquis de la démocratie, il encourage l’acte qui est la source de la violence. Au nom d’une paix, l’on ne peut jamais taper l’enfant et l’empêcher de pleurer. Talata refuserait d’être la colistière dans une élection exclusive qu’elle militerait pour la paix au lieu d’un défilé à Kétou pour appeler à un scrutin paisible.

Tels ces deux exemples, ils sont nombreux à vociférer dans la République se prenant pour des aspirants et des gardiens de la paix pendant qu’ils encouragent la destruction des droits fondamentaux, l’interpellation des membres de l’opposition et autres frustrations gratuites et méchantes. Cette manière aussi hypocrite que criminelle d’appeler à la paix couvre au contraire une sournoiserie puante de s’engager dans le chantier de la violence. A aucun moment, réclamer son droit garanti par la loi n’est un appel à la violence. Le président Patrice Talon s’est assuré détenir un bilan très flatteur. Cet état de choses devrait encourager tout compétiteur à aller au challenger avec ses adversaires en vue de leur donner une raclée. Le Bénin observe pour la première fois que quelqu’un qui est sûr d’avoir réussi son mandat est habité par la peur de la compétition. Anecdote !  En attendant, le Bénin de paix, c’est ce que tous aiment. Alors, les hypocrites de la Nation doivent se rappeler que la paix n’a jamais été et ne sera jamais vain mot, mais un comportement.



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