Bénin/À la Criet : " Toutes les décisions sont prises sous la pression du pouvoir ", révèle le juge Batamoussi, démissionnaire
Les langues délient. Un juge, Essowé Batamoussi, claque la porte à la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet). Suite à son acte, il a laissé des mots forts à nos confrères de la Radio France internationale (Rfi). Il a été clair et sans équivoque. La Criet est juste un instrument du pouvoir contre les voix discordantes. Selon ses révélations, les décisions se prennent dans cette << maison justice >> selon le voeu du régime en place. Plus aucun doute donc, l'indépendance de la Criet longtemps dénoncée par plusieurs figures de l'opposition béninoise s'est finalement avérée. << Le juge que je suis n'est pas indépendant tel que cela se devait d'être. Toutes les décision que nous avons été amenés à prendre, l'ont été sur pression >>, a-t-il confié.
Essowé Batamoussi s'est attardé sur le dossier de la candidate recalée du parti de l'opposition Les Démocrates, Réckya Madougou. À l'en croire, le dossier était vide, mais les juges de la Criet ont été contraints à la placer en détention. Plus loin, le juge démissionnaire a indiqué que nombreux sont les dossiers qui sont ainsi traités sur ordre du pouvoir. Se démarquant de la politique, le juge Batamoussi, déjà en exil, affirme faire cette dénonciation pour << aider un tant soit peu les collègues qui y sont actuellement et qui sont sous pression et amener le peuple à savoir qu'ils n'agissent pas de leurs propres grés, mais qu'ils ont la pression du pouvoir >>. En un mot, il a, pour finir, imploré la clémence du peuple. << Essayez de nous comprendre >>, a-t-il conclu.
LIRE L'EXTRAIT DES PROPOS DU JUGE AU MICRO DE RFI
<< Le juge que je suis n'est pas indépendant tel que cela se devait d'être. Toutes les décision que nous avons été amenés à prendre, l'ont été sur pression. Je citerai la dernière décision, celle qui a vu le placement de dame Réckya Madougou en détention. Dans ce dossier, nous avons été sollicités par la chancellerie, car le dossier ne comportait aucun élément qui pouvait nous décider à la mettre en détention. Ce n'était pas la première fois. Il y a eu pas mal de dossiers où nous avons reçu les instructions de la chancellerie... Je ne suis pas politicien et je ne parle donc que de ma maison justice. Ce que je dénonce, c'est pour aider un tant soit peu les collègues qui y sont actuellement et qui sont sous pression et amener le peuple à savoir qu'ils n'agissent pas de leurs propres grés, mais qu'ils ont la pression du pouvoir. Essayez de nous comprendre >>
Le juge Essowé Batamoussi, après sa démission de la Criet
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