Le Bénin dans le chaos : Patrice Talon responsable selon Dr Komi Koutché

 


Un peu plus d'un mois après l'élection contestée organisée sous une tension mortelle par Patrice Talon, Docteur Komi Koutché rompt le silence. L'opposant contraint en exile qui a fraîchement décroché son doctorat en finance s'est exprimé au micro de la Radio France internationale (RFI). Reçu par Christophe Boisbouvier, Dr Komi Koutché a brillamment expliqué comment celui qui a gouverné le Bénin de 2016 à 2021 a plongé le label démocratique béninois dans le chaos. Selon Komi Koutché, c'est la volonté de Patrice Talon de faire du Bénin son empire qui a entraîné la fait que toutes les trois élections tenues sous son règne soient  émaillées de violence et surtout que le Bénin soit le théâtre des arrestations arbitraires des voix discordantes.


Komi Koutché a également démontré le désespoir de Patrice Talon et ses affidés. À l'en croire sur la Radio du monde, c'est dans l'optique de se soulager et de justifier leur forfait que les adeptes de la rupture prennent les notes envoyées par la France et les États-Unis pour des lettres de félicitations. Le ministre d'Etat, opposant Docteur de l'université Georges Washington y voit plutôt une leçon de démocratie de ces États occidentaux. 

INTÉGRALITÉ DES PROPOS DU DOCTEUR KOMI KOUTCHÉ 


<< Jamais avant le président Patrice Talon, il y avait eu des scènes de violence. Mais depuis 2016 qu'il est au pouvoir, tous les trois rendez-vous électoraux qu'il a organisés n'ont pu se dénouer sans que des béninois innocents ne tombent sous les balles d'une milice spécialement montée pour la circonstance. Aujourd'hui, le président Patrice Talon a privatisé l'économie. Il a privatisé l'arsenal institutionnel et l'espace électoral. Et donc pour pérenniser tout ceci, il ne reste que la violence. En clair, monsieur BOISBOUVIER, la démocratie béninoise que vous avez connue depuis 1990 est aujourd'hui une démocratie totalement mise en berne.


 Le président Patrice Talon est le collecteur des ressources publiques à travers sa société Bénin Control. Il collecte et il donne ce qu'il veut dans les caisses de l'État. Il contrôle le port, l'aéroport et le secteur hôtelier. Il a pris en otage et étouffé tous les opérateurs économiques. Et quand quelqu'un est comme cela, il ne lui reste qu'une chose. Installer un empire et utiliser les employés qu'il peut manipuler pour pouvoir le pérenniser. Et pour ça, il n'y a que la force brutale.


Moi je suis aux États-Unis, pays de référence de la démocratie au monde. Et vous comprenez qu'avec tout ce que je jouis ici comme vertu de la démocratie aux États-Unis, je ne peux pas appeler à la violence. J'ai appelé à des manifestations pacifiques, non violentes, les mouchoirs en mains. Et les populations ont suivi massivement cette manifestation pacifique jusqu'à ce qu'il soit ordonné à une milice d'aller tirer ouvertement sur des populations qui étaient en manifestations pacifiques.

  


Vous (Christophe Boisbouvier) parlez de quelle justice ? La justice républicaine a été remplacée par la justice privée du président Patrice Talon. La Cour africaine des droits de l'homme et des peuples a donné des instructions claires sur ce qu'il convient d'appeler aberration judiciaire que le président Patrice Talon utilise pour réprimer ses opposants. Les cas Réckya Madougou et Joël Aïvo sont illustratifs.


On reproche à Réckya Madougou d'avoir financé ses partisans pour 15 millions de francs CFA. Vous voyez ce que ça fait pour une candidate d'un parti comme Les Démocrates. On lui reproche pourquoi après le rejet de sa candidature elle met 15 millions à la disposition de ses partisans. Nous sommes dans un pays démocratique et la contestation est une vertu démocratique. Je ne pense pas qu'il soit raisonnable et du bon sens qu'on reproche à une candidate de financer à 15 millions de francs CFA, si vous convertissez en euro vous verrez que c'est rien du tout, pour aller expliquer comment sa candidature a été rejetée si tant est que la contestation est une vertu de la démocratie. 

Joël Aïvo, on lui reproche le blanchiment de capitaux et l'appel à l'insurrection. Si je prends l'aspect de blanchiment de capitaux, de façon terre à terre. Ancien ministre des finances que je suis, un blanchiment suppose de l'argent gagné d'une origine criminelle et recyclé  dans une fin objectivement justifiable. Joël Aïvo, on ne nous a pas dit de quelle source criminelle il a pu gagner cet argent. Donc en clair, il a été question d'embastiller les quelques rares têtes qui restaient encore et derrière lesquelles le peuple pouvait s'aligner si les élections étaient ouvertes.


 Mais si vous citez seulement les cas Joël Aïvo et Réckya Madougou, c'est que vous taisez les près de 500 arrestations extra judiciaires qu'il y a eues depuis que cette parodie d'élection a été organisée.




Ceux-là (USA et France) ne sont pas des donneurs de leçon occidentaux. Ceux-là sont plutôt des gens qui veulent que le label démocratique béninois soit préservé. J'ai vu la lettre des États-Unis, j'ai vu la récente lettre du président Macron que le président Talon avec sa cellule de propagande fait passer pour une lettre de félicitations. Je tiens à féliciter le président Macron qui n'a pas changé. J'ai eu l'occasion de le côtoyer pendant que nous étions encore tous deux plus jeunes ministres du Conseil des ministres de la zone Franc. Je crois qu'il n'a pas changé de principes. Il aurait pu faire comme tout le monde et vouloir l'encenser. Mais il lui a donné une bonne leçon de morale démocratique. Les États-Unis ont fait pareil. Ce n'est pas une question de donneurs de leçon, c'est plutôt une question d'appel à la raison. Le président Patrice Talon est complètement à l'antipode aujourd'hui de tous les principes qui l'ont amené lui-même au pouvoir. >>



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