1 an après avoir échappé à la mort : Ganiou Soglo parle d'une « lâche agression »
C'est avec un ton amer que l'ex ministre Ganiou Soglo se souvient du 5 février 2021. Victime d'une tentative d'assassinat ce jour, la balle à fracturé le côte du fils de l'ancien président béninois. Pour la première fois, la victime de cet acte odieux a profité de l'an 1 de ce malheureux événement pour raconter le déroulement de la scène.
Occasion pour Ganiou Soglo d'exprimer sa gratitude à ceux qui l'avaient soutenu aussi bien au Bénin que dans l'hexagone. Pour lui, il est regrettable que la démocratie ne puisse pas offrir les garanties nécessaires aux enfants du pays. Le ministre Ganiou a également déploré les propos tenus entre temps par le garde des sceaux qui avait tenté de faire croire qu'il cherchait juste du buzz à travers cette agression. Mais le fils du président Nicéphore Dieudonné Soglo ne baisse pas la garde. Pour lui, c'est clair, « Le combat pour les valeurs auxquelles tu crois fermement n'a pas de prix ».
INTÉGRALITÉ DU MESSAGE DU MINISTRE GANIOU SOGLO
17 MINUTES POUR VIVRE
Il faut que je vous dise…
Il y a tout juste un an qu’un 5 février 2021 soit 4 jours seulement après avoir déposé ma candidature (pas en duo mais en m’appuyant sur la constitution du 11 décembre 1990) à l’élection présidentielle de notre pays, je fus victime d’une lâche agression.
Alors que nous roulions vers 19h-19h30 sur une route secondaire dans la localité de Calavi en direction du village de Lanzron près de ma ferme pour un meeting politique, j’étais tranquillement affairé sur mon téléphone quand des tirs nourris retentirent, explosant
les vitres de la voiture. Je poussais un grand cri de douleur, ressentant une forte brûlure à la poitrine, un filet de sang dégoulinant sur celle-ci. J’écriais à mon chauffeur « Pascal, Pascal on m’a tiré dessus… ».
Mon majordome, montra alors ce jour toute sa dextérité et je compris
pourquoi il était aussi mon chauffeur depuis tant d’années car cet événement eut lieu un vendredi soir.
Un parcours que nous faisions habituellement en 45 minutes, il lui en fallu
seulement 17 pour atteindre le premier centre de santé afin que je puisse avoir les
premiers soins à la clinique Mahouna . Je dis bien 17 minutes ! Infiniment merci
Pascal…
Pendant toute la période qu’a duré les investigations, je suis resté coi,
silencieux m’abstenant de toutes déclarations intempestives et autres
commentaires tout le long de l’instruction.
Pourquoi ? Qui ? À quelle fin ?
Je profite de cette opportunité pour remercier publiquement toutes les personnes qui dans un vaste élan de solidarité se sont rendues à mon chevet à la clinique Mahouna dans un premier temps puis au CNHU de Cotonou pour me
témoigner leur affection et leur soutien : Éric HOUNDÉTÉ, Réckya MADOUGOU, le Président YAYI BONI, Joel AYIVO, mes compagnons de la résistance, mon frère Loukman pour ne citer que ceux-là.
Merci aux membres de ma famille, Adé, mes ami(e)s, et autres anonymes qui
ont veillé et prié pour moi les premiers jours du drame. Je vous serais éternellement reconnaissant. Merci à Sylvie pour son courage et son abnégation dans l’adversité. Comment ne pas avoir en ce moment précis une pensée émue pour ma mère ? Après les affres subies à l’Assemblée Nationale, l’exil de son fils ainé, c’était son second fils qui faisait les frais d’une tentative d’assassinat. Elle a dû en souffrir terriblement. Merci à vous mes parents, merci
à mon père qui par ta dextérité et ton affection a permis mon évacuation sanitaire pour l’hôpital militaire Percy de Clamart (France).
Une fois en France, Je serais soutenu par mon frère et sa famille qui seront aux petits soins. Pendant tout mon séjour, mon frère n’a pas raté une journée sans me rendre visite. Que Dieu veille sur lui et les siens. Que dire de l’attention particulière dont j’ai joui de la part de mon frère Raman et de sa tendre compagne qui n’a jamais ménagé sa peine. Le Miséricordieux vous le rendra. Il serait fastidieux de citer tout le monde: le personnel soignant qui m’aura donné les premiers soins me sauvant ainsi la vie, les médecins au Bénin et en France, mes conseils juridiques en l’occurrence maître BABA-BODY et maître Yaya POGNON sans oublier maître BAPARAPE présents jusqu’à ce jour à mes côtés, mes amis français (René,Vinc,Bertrand) recevez ma plus profonde gratitude.
Je ne pourrais finir sans dire merci à ma dulcinée, merci à elle pour toute l'affection qu’elle me donne, merci d'être là…
Je me suis malgré tout, toujours cru dans une démocratie dans laquelle je pouvais affirmer ma différence sans porter atteinte aux lois de la République. Bien m’en a pris ! Je ne dévoilerais aucun secret quand mon père m’apprit par un de ses pairs que Cotonou arguait que l’attentat serait l’œuvre de braqueurs et qu’il n’y avait pas de quoi fouetter un chat ! Comment ne pas être outré et blessé par les propos qu’aurait tenu le ministre de la Justice et garde des sceaux de notre pays devant un parterre d’ambassadeurs de l’Union Européenne accrédité chez nous affirmant que cette fantasque histoire n’était qu’un canular et que je voulais juste attirer l’attention sur ma personne. Ces sachants qui ont réponse à tout peuvent peut-être nous expliquer pourquoi j’aurais organisé un braquage contremoi-même et qu’on me tire dessus en pleine poitrine et non pas dans l’épaule ou le bras. Endroit où j’avais très peu de chance de mourir alors qu’en pleine poitrine il était certain que l’issue aurait pu m’être fatale. Mon docteur dira après coup que j’étais béni des Dieux car la balle a été arrêtée par la côte qui s’est fracturée en mille morceaux sans quoi elle aurait traversé le poumon et touché les gros vaisseaux mais
surtout que je portais bien mon nom - SOGLO - oui, les mânes de nos ancêtres ne dorment pas !
Finalement ce n’est qu’en octobre 2021 que je fus entendu par le
juge.
Nonobstant tout ceci, je n’ai aucune haine, aucune amertume. Le combat pour les valeurs auxquelles tu crois fermement n’a pas de prix. Nous avons des compatriotes qui sont morts pour notre pays, d’aucuns sont en prison ou
d’autres en exil etc… Ce qui compte c’est l’intérêt supérieur de notre peuple. L’illustre métaphore du roi GUÉZO est significative, à savoir « ce n’est qu’ensemble que nous pouvons construire le Bénin dont nous rêvons pour nos enfants ». Le Bénin ne sera jamais cette Nation développée que nous
appellons de tous nos vœux en excluant certains de ses fils. La réconciliation a
été une des clés du succès de 1990. N’est pas grand camarade de lutte qui veut !
Dieu et les mânes de nos ancêtres veillent sur le Bénin.
Ganiou SOGLO
#Bénin
#democratie
#Soglo
Commentaires
Enregistrer un commentaire