Ganiou Soglo sur la gouvernance économique au Bénin : « Aujourd'hui nous sommes dans une situation ubuesque et dramatique »



L'ancien ministre des sports ainsi que de la culture, Ganiou Soglo sort de nouveau du silence. Le fils de l'ex président Nicéphore Dieudonné Soglo a donné son appréciation de la gouvernance du pays sous le régime de la rupture en insistant particulièrement sur le volet économique qui, selon lui, asphyxie le peuple béninois. Pour cet ancien député attaché à la transparence et surtout à la situation du bas peuple qui doit être priorisé dans les actions d'amélioration des conditions de vie, le gouvernement de la rupture a tout faux. Le ministre Ganiou Soglo a déploré la politique financière du régime Patrice Talon. « Le gouvernement béninois n'est pas transparent pour un sou. Nous ne savons pas comment est utilisé cet argent », a-t-il regretté. L'ancien ministre a indiqué que pour l'intérêt du peuple béninois, le régime en place devrait plutôt procéder autrement. « L'axe fondamentale sur laquelle on devrait appuyer les financements, c'est le capital humain. Et le capital humain, c'est l'éducation, l'instruction et la santé », a-t-il fait savoir. 


Malheureusement, le ministre Ganiou Soglo reste pessimiste au vu de la conduite de la rupture. Sans doute, croit-il savoir, la situation passera au pire. « Depuis que cette politique menée par notre gouvernement s'applique à notre pays, on n'a jamais eu autant d'impôts qui touchent les populations les plus défavorisées. Quand on vous dit pour des prêts vous allez rembourser dans 5 ans, je tiens à rappeler à nos concitoyens qu'ils doivent s'armer de patience, parce qu'ils vont devoir voir encore leurs impôts augmenter, grimper à des niveaux jamais atteints dans notre pays et qui va encore plus fractionner notre pays en deux entre des nantis et 80% de notre population qui sera pauvre », a-t-il souligné. Pour lui, cette manière de procéder de Patrice Talon et son équipe ne tient pas la route. Le ministre insiste sur l'absurdité que vend la rupture au peuple en lui faisant croire que dans plusieurs années, les générations futures seront à l'aise. « Si aujourd'hui, les parents meurent de faim, comment vont-ils entretenir leurs enfants afin que ceux-ci accèdent au lendemain meilleur qu'on leur promet aujourd'hui ? » s'interroge -t-il. C'est ni plus ni moins selon les appréciations du ministre Ganiou Soglo en bon sachant. « Aujourd'hui nous sommes dans une situation ubuesque et dramatique », a-t-il déploré. 


S'agissant du montant de  650 millions de dollars alloué au Bénin, l'ex ministre des sports du régime Yayi y voit la poudre aux yeux des citoyens béninois. « Oui, on vient d'avoir 650 millions de dollars, mais pauvre de nous, parce que nous allons encore ployer sous le poids de l'impôt. Tous les économistes finissent par vous dire que trop d'impôts tuent l'impôt », a-t-il affirmé. L'homme ne comprend pas la multiplication des emprunts par les dirigeants et surtout le mode opératoire qui l'entoure. « Moi je suis très dubitatif de ces emprunts », a-t-il assuré. Selon lui, il y a mieux à faire que de s'intéresser indéfiniment aux infrastructures routières comme c'est le cas actuellement. Ganiou Soglo indique plutôt qu'il faut s'attaquer au tissu social en menant des actions en faveur des plus pauvres. Il en veut pour exemple, la gestion de Lula au Brésil. 


Démocratie en danger 

Très amer, lors de son intervention sur Sibikan médias l'ex ministre Ganiou Soglo s'est intéressé à la démocratie de son pays qui est dévastée. Il en veut pour preuve des individus qui ont trouvé la mort pour cause de son opinion divergente. Le ministre en est d'ailleurs un exemple vivant pour avoir été fusillé dans la foulée des présidentielles 2021. « À mon niveau personnel, on m'a tiré déçu sans que personne n'en parle. On n'a jamais vu au Bénin un candidat aux présidentielles qui dit que je présente en disant soutenir la Constitution, la seule à avoir été voté par le peuple et quelques jours plus tard on lui tire dessus et on dit juste "ce sont des braqueurs, mais ils n'ont rien braqué », a déploré l'ex député. 


Ganiou Soglo a ensuite fait le parallèle entre le régime actuel et celui précédent tenu par Boni Yayi. Il a rappelé les différents mouvements qui se déroulaient au Bénin, notamment le mercredi rouge sans que personne ne soit inquiété. L'ancien conclue que si Boni Yayi s'était comporté comme le fait son successeur aujourd'hui, plusieurs personnes auraient été emprisonnées, tuées et d'autres allaient voir leur cabinet d'avocat fermé.

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