Macron à Cotonou : les attentes vues par Julien Kandé Kansou

 

Emmanuel Macron, président de la République française s'apprête à se rendre à Bénin. Cotonou attend son visiteur le 27 juillet qui vient. Cette descente, au regard de la relation entre la France et le Bénin, est faite de plusieurs couleurs. Du coup, des craintes, des souhaits, des exigences déesse le tapis sur l'axe Cotonou-Paris.

Dans une lettre ouverte adressée au président français, l'écrivain-poète béninois Julien Kandé Kansou a exposé les attentes des béninois face à cette visite de Macron au pays de Talon. Dans sa plume, Julien Kandé Kansou espère que Paris ne va pas fermer les yeux sur l'oppression du régime de Cotonou et qu'au contraire, il sera question pour Emmanuel Macron de mettre à profit son passage en terre béninoise pour exhorter son homologue à repartir sur les rails de la démocratie et la justice afin que désormais les élections soient inclusives, des prisonniers politiques libres et des exilés au bercail. 

LIRE LA LETTRE OUVERTE DE JULIEN KANDÉ KANSOU 

Lettre ouverte au Président Emmanuel Macron

 Ce que le peuple béninois attend de votre visite.

La France, elle est grandiose, par son développement et sa démocratie qui sont des modèles pour tous les pays qui aspirent au développement économique et social.

Je salue le peuple français qui a renouvelé sa confiance en vous et votre sens de la préservation des libertés en France.

J'ai vu comme tout le monde entier votre sens de pardon et l'indépendance des institutions de la France surtout celle de la justice.

Tout cela montre que la France est un pays qui garantit à ses citoyens les libertés les plus fondamentales au moins.

Aujourd'hui cette France entreprend une visite d'État pour visiter les pays comme le Cameroun où le Président a passé à la tête de son pays des décennies de gouvernance déjà et le Bénin où les libertés et la démocratie sont en souffrance. 

J'ai vu la France faire la promotion de la femme et même au second tour des élections présidentielles passées, la femme était au rendez-vous. Nous n'avons pas assisté à une élection exclusive où seul le président a eu les quatre-vingt pourcent de parrainage et a choisi ceux qui vont faire la compétition avec lui.

Nous n'avons pas vu un Président qui accuse vertement les opposants et la justice les assomme. Voilà qu'un tel président rend visite à un autre qui a un parlement monocolore, qui organise les élections exclusives tachetées de sang.

J'ose croire que vous êtes en visite pour enseigner les leçons de la démocratie à votre hôte qui gouverne un pays rempli de prisonniers politiques, où les emplois sont précarisés par des lois inhumaines.

Je voudrais croire que votre arrivée, ce n'est pas que l'intérêt de la France qui compte mais pour instaurer davantage un climat de paix et de la coopération gagnant-gagnant.

Nous ne pouvons pas oublier que le terrorisme fait ravage en Afrique et parmi les causes, il y a les élections truquées, les mandats de trop que la France cautionne souvent et la pauvreté qui tire ses racines dans le FCFA.

Le peuple béninois veut une nouvelle monnaie indépendante du trésor français. Une monnaie africaine qui sera frappée en Afrique par les Africains et convertible avec les autres. Que la France coopère et ne bloque point cette ambition noble.

Nous espérons qu'après votre visite, la situation sociopolitique de notre pays change positivement et nous allons trouver véritablement la voie du développement.

Si on constate le contraire, la France aurait travaillé pour enraciner davantage le sentiment anti-français qui sommeille en chacun des Africains francophones.

Julien Kandé KANSOU, le 23 juillet 2022, 08h04