Menotté jusqu'à la mort du détenu Latif Radji : vive indignation des députés Démocrates
- Nourénou Atchadé et le groupe parlementaire de l'opposition exigent des enquêtes sur le décès du jeune étudiant
Les députés de l'opposition ont donné de la voix suite au décès au Bénin le dimanche dernier d'un jeune étudiant détenu politique.
Le décès du jeune étudiant Latif Radji, un détenu politique ne doit pas rester impuni au regard de ses conditions. Dans un ton rempli d'amertume, les députés de l'opposition parlementaire Les Démocrates l'ont fait savoir ce jeudi 4 juin 2024 lors d'une déclaration de presse à l'Assemblée nationale. Bien portant et emprisonné en 2020 alors qu'il a osé juste réclamer une élection équitable dans son pays, Latif Radji a terminé malade et agonisant dans le lit d'hôpital et pire encore les menottes en main. Les parlementaires Démocrates se disent « choqués, répugnés et profondément révoltés ».
Dans la déclaration faite devant la presse dans la salle polyvalente du palais des gouverneurs, le président Nourénou Atchadé, l'orateur principal et ses collègues ont taxé le gouvernement de Patrice Talon d'un « gouvernement sans foi ni loi ». Ils ont exigé qu'une enquête soit diligentée afin que les responsabilités soient situées pour que les fautifs payent pour leur forfait. Les députés Démocrates ont également dénoncé ce qu'ils appellent l'enfer à ciel ouvert qu'est devenu le Bénin sous le régime actuel.
DECLARATION DE PRESSE DU GROUPE PARLEMENTAIRE “LES DEMOCRATES“
(au sujet du décès du détenu Latif RADJI)
Il est universellement reconnu que la prison n’est pas un lieu de soin, et de ce fait, le maintien en détention d’une personne gravement malade pose un problème au regard de l’exigence de respect de la dignité des personnes détenues.
L’article 8 de la constitution du Bénin nous enseigne : je cite
“ La personne humaine est sacrée et inviolable.
L’État a l’obligation absolue de la respecter et de la protéger. Il lui garantit un plein épanouissement. A cet effet, il assure à ses citoyens l’égal accès à la santé, à l’éducation, à la culture, à l’information, à la formation professionnelle et à l’emploi. “ fin de citation
Et l’article 18 de la même constitution dispose : je cite
“ Nul n’a le droit d’empêcher un détenu ou un prévenu de se faire examiner par un médecin de son choix. “ fin de citation
La sacralité de la vie humaine signifie dans sa version positive, que la vie humaine a une valeur spéciale et qu’elle mérite et doit être protégée et respectée ; et dans sa version négative, elle ne peut être prise sans adéquate justification.
Il est aussi universellement reconnu qu’une personne détenue ne devrait pas être maintenue dans les liens de détention si son pronostic vital est engagé ou si son état de santé physique ou mental est durablement incompatible avec la prison.
Tous ces enseignements semblent échappés aux barons de notre gouvernement.
Voilà certainement pourquoi le pouvoir de la rupture, une fois encore a accablé notre pays par une image insoutenable, inadmissible et profondément horrifiante. Il s’agit de l'image du jeune Latif RADJI, malade, enchaîné dans un lit d'hôpital jusqu'à ce que mort s'en suive.
Et dire que cela se passe dans un pays démocratique, on en est plus encore choqué, répugné et profondément révolté.
Le compatriote Latif RADJI était bien portant et ne faisait l’objet d’aucune pathologie au moment où il a été arrêté dans le lot des prisonniers politiques, pour avoir réclamé des élections équitables dans son pays. C’était un jeune étudiant plein de vie.
Latif RADJI est donc mort en martyr pour la démocratie et les libertés fondamentales et mérite à ce titre sa place dans nos cœurs que dans le panthéon de notre histoire, aux côtés des victimes de Cadjèhoun, d’Abomey-Calavi, de Savè, de Tchaourou, de Kilibo, de Bantè qui ont froidement péri sous les balles assassines de la rupture.
Le régime du Président Patrice TALON est connu pour être un pouvoir sans foi ni loi, mais aussi crapuleusement et de plus en plus, et à travers ses tristes faits d'armes, il s'illustre comme un pouvoir cruel et sans cœur.
Il faut être un pouvoir cruel et sans cœur, pour priver un pensionnaire carcéral malade, de soins appropriés jusqu'à l'aggravation du tableau clinique.
Il faut être un pouvoir cruel et sans cœur pour garder enchaîné et sous assistance respiratoire, un prisonnier malade dans un lit d'hôpital, alors que le pronostic vital de ce dernier est engagé.
Il faut être un pouvoir cruel et sans cœur pour maintenir enchaîné dans un lit d'hôpital un prisonnier malade jusqu'à ce qu'il passe de vie à trépas dans l'humiliation et surtout l'indignité.
A travers cette sortie publique, les députés du groupe parlementaire LES DEMOCRATES condamnent ce traitement inhumain et foncièrement dégradant qu'a subi jusqu'à sa mort le compatriote Latif RADJI.
Les députés du groupe parlementaire LES DEMOCRATES dénoncent cette déshumanisation de notre pays depuis 2016 et réitère l'exigence d'une ouverture d'enquête impartiale sur les conditions de décès de notre compatriote Latif RADJI.
Sur toute la ligne, de la maison d’arrêt au sommet du ministère de la justice en passant par son lieu de garde-à-vue et la juridiction qui a connu de son dossier, les responsabilités doivent être situées et les fautifs, châtiés à la hauteur de leur forfait.
Les députés du groupe parlementaire LES DEMOCRATES attirent une fois encore l'attention de l'opinion publique nationale et internationale sur l'enfer à ciel ouvert qu'est devenu le Bénin du Nouveau Départ.
Nos profondes compassions aux familles éplorées et paix à l'âme du défunt.
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