Recours contre la révision de la Constitution : les arguments qui plaident en faveur de l’he Habibou Woroucoubou
Les députés du parti « Les Démocrates » restent
convaincus que la révision de la Constitution opérée dans la nuit du 14 au 15
novembre par les parlementaires de la mouvance n’a rien de valide. Par un
recours devant la Cour constitutionnelle, l’honorable Habibou Woroucoubou
sollicite les sept membres de déclarer la proposition de loi portant révision
contraire à la Constitution. Par des arguments solides portés devant l’institution
dirigée par Dorothée Sossa, l’élu de l’opposition béninoise a démontré
plusieurs violations qui ont entaché le déroulement de la séance plénière
consacrée à la révision. De la violation des textes de l’Assemblée nationale à
la violation de la Loi fondamentale, tous les arguments avancés plaident en
faveur du requérant. Le député de la 8ème circonscription électorale
s’est déjà vu l’audience devant statuer sur son recours reportée sine die.
VOICI L’INTEGRALITE DU RECOURS DU DEPUTE
Habibou
WOROUCOUBOU Cotonou,
le 20 novembre 2025
Député
à l’Assemblée nationale
Parti
"Les Démocrates"
06 BP
1325 Cotonou
Téléphone :
0161012373
A
Monsieur Le Président de la Cour
Constitutionnelle
Cotonou
Objet :
Seconde requête complémentaire (cinq exemplaires)
Références :
- Recours n°2315/470/REC-25
- Recours n°2324/475/REC-25
Monsieur le Président,
J’ai l’insigne honneur de
vous saisir de la présente requête en complément à mes recours et requête complémentaire
sus-référencés.
Monsieur le Président,
l’article 89 de la Constitution dispose à ses alinéas premier et 2 dernier
tiret :
« Les travaux de
l’Assemblée nationale ont lieu suivant un Règlement intérieur qu’elle adopte
conformément à la Constitution.
Le Règlement intérieur détermine les
différents modes de scrutin, à l’exclusion de ceux prévus expressément par la
présente Constitution ».
Il résulte des
dispositions précédentes de l’article 89 de la Constitution que l’Assemblée
nationale a une compétence générale pour définir ses procédures législatives ou
ses propres règles de vote - modes de scrutin - suivant un Règlement intérieur
qu’elle adopte conformément à la Constitution dont les éventuelles règles de
vote formellement prescrites sont prioritairement mises en œuvre. En d’autres
termes, au sens des dispositions précitées de l’article 89 de la Constitution,
le Règlement intérieur de l’Assemblée nationale complète la Constitution là où
elle est silencieuse s’agissant des règles de vote. Il s’ensuit que dans la
mise en œuvre de l’article 89 de la Constitution, l’inobservation du Règlement
intérieur de l’Assemblée nationale par son président est contraire à la
Constitution si cette inobservation porte sur les règles de vote définies par
ledit Règlement intérieur en complément à celles éventuellement prescrites par
la Constitution, ou comblant le silence de celle-ci en la matière.
Monsieur le Président,
permettez-moi de vous rappeler que mon recours en constitutionnalité et ma
première requête complémentaire sus-référencés concernent l’adoption le 15
novembre 2025 d’une loi relative à la révision de la Constitution encadrée par
les dispositions des articles 154 et 155 de celle-ci, qui définissent les voies
de réalisation de cette révision - référendum ou légifération - qui doit être
préalablement approuvée par le vote d’une majorité qualifiée des membres de
l’Assemblée nationale pour être acquise par légifération : vote approuvé des
3/4 des membres composant l’Assemblée nationale pour la prise en considération
des projets ou propositions de révision de la Constitution et vote approuvé des
4/5 des membres composant l’Assemblée nationale pour l’adoption des projets ou
propositions en cause. Vous constaterez que les dispositions des articles 154
et 155 de la Constitution définissent entre autres, les conditions relatives
aux majorités qualités pour la prise en considération et l’adoption des projets
ou propositions de loi de la révision de la Constitution mais n’établissent pas
la procédure législative ou les règles à observer pour aboutir au vote de tels
projets ou propositions de loi. D’où l’obligation d’observer rigoureusement les
règles de vote établies par le Règlement intérieur de l’Assemblée nationale
pour la prise en considération ou l’adoption des projets ou propositions de loi
de révision de la Constitution, sous peine de violer celle-ci ou de voir
inconstitutionnaliser l’adoption des projets ou proposition de loi de révision
de la Constitution.
Monsieur le Président,
l’article 87.1 du règlement intérieur de l’Assemblée nationale dispose :
« Après la clôture de la discussion
générale, l’Assemblée nationale est invitée par son président à passer à la
discussion des articles, les uns après les autres. Toutefois, l’Assemblée
nationale peut en décider autrement ».
L’article 87.3 du même règlement intérieur
dispose :
« Dans tous les cas où l’Assemblée
nationale décide de ne pas passer à la discussion des articles, le président
déclare que la proposition n’est pas adoptée ».
L’article 91.1 du même Règlement intérieur
dispose :
« Après le vote de tous les articles, il
est procédé au vote de l’ensemble du texte ».
Il résulte de la lecture
combinée des dispositions des trois articles précités du Règlement intérieur de
l’Assemblée nationale, qu’avant le vote de l’ensemble d’un texte de loi,
l’Assemblée nationale est invitée par son président à passer à la discussion
des articles, les uns après les autres mais elle peut en décider autrement et
le président déclare dans ce cas que la proposition n’est pas adoptée.
Monsieur le Président,
l’Assemblée nationale n’a pas été invitée par son président à passer à la
discussion sur la proposition de loi de révision de la Constitution en
question, article par article ; celle-ci n’ayant donc pas décidé autrement, le
président de l’Assemblée nationale devrait donc déclarer que la proposition de
loi en cause n’est pas adoptée, mais il l’a soumise au vote d’adoption en
violation des articles 87.1, 87.3 et 91.1 du Règlement intérieur.
Eu égard à tout ce qui
précède, Monsieur le Président, je voudrais solliciter qu’il plaise à la Cour
de :
- Constater, dire et juger que le président
de l’Assemblée nationale a violé le Règlement intérieur de l’Assemblée
nationale à ses articles 87.1, 87.3 et 91.1 lors du processus du vote
d’adoption le 15 novembre 2025 de la (proposition de) loi de révision de la
Constitution ;
- Dire et juger que ladite proposition de
loi de révision de la Constitution ne peut pas adoptée en violation des
articles 87.1, 87.3 et 91.1 du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale
mais devrait être déclarée n’être pas adoptée sans la discussion article par
article.
- Dire et juger que ladite loi ou
proposition de loi de révision de la Constitution adoptée en violation des
articles 87.1, 87.3 et 91.1 du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale,
n’est pas conforme à la Constitution.
Dans
l’espoir d’une suite favorable à la présente requête complémentaire, veuillez
agréer, Monsieur le Président, l’expression de ma plus haute considération.
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