Révision de la Constitution, la folie de la rupture

Avril 2016 - mars 2019, 3 ans de gestion du Bénin par le président Patrice Talon et 3ème tentative de la révision de la Constitution du 11 décembre 1990. Depuis la présentation du rapport du comité paritaire mis en place à l'Assemblée nationale en vue de sortir des propositions de sortie de crise dans le cadre des législatives 2019, le sujet polémique apparaît à nouveau. Toucher la Constitution du Bénin en son article 80 en vue de proroger le mandat de la 7ème législature d'un mois et demi dans une situation où le processus électoral est en difficulté. Encore cette révision là !

De 2017 à cette 2019, pas cette année où le chef de l'État Patrice Talon ne manifeste son désir de réviser la Constitution béninoise. On se rappelle le 4 avril 2017 où le projet a échoué sans même entrer dans la résidence de la prise en compte. En juillet 2018, c'est après avoir franchi l'étape de la prise en compte et bloqué à la révision pour ouvrir la fenêtre du référendum que le président de la République a plié bagage. Mais ce n'était pas fini. L'opinion a d'ailleurs mis du temps pour comprendre que Patrice Talon annonçait à nouveau les hostilités lorsqu'à la rencontre avec les partis politiques, il glisse ces propos. "Si dans vos échanges, vous devez aller même jusqu'à faire des amendements de la Constitution dans les jours à venir, je suis preneur". Il faut en arriver à cette proposition d'amender l'article 80 de la Constitution faite par le camp qui porte sa volonté au parlement pour réaliser l'annonce.

Il est pourtant clair que plusieurs autres moyens s'offrent pour arranger les choses afin d'organiser les élections législatives de 2019. Le président de l'Assemblée nationale, maître Adrien Houngbédji en a d'ailleurs évoqué un lors de sa conférence de presse du mardi 19 mars 2019. Le président du Prd a rappelé que l'autre cartouche est de juste serrer le calendrier électoral et le tour est joué. Alors, on se demande pourquoi une année ne passe sans que la rupture ne pense la révision de la loi fondamentale du Bénin ? Ce projet est devenu une obsession pour le régime du nouveau départ, son chef et ses adeptes. Le chef de la rupture se comporte comme si la révision de la Constitution était un trophée de réussite de mandat et qu'il le fallait impérativement pour "être porté en triomphe". Il urge de changer de fusil d'épaule et de saisir les autres voies plus simple pour organiser les législatives et éviter au peuple béninois un 3ème état de crispation en 3 années de pouvoir.
La solution n'est pas la révision...


Les députés du Bmp, des mauvais compagnons pour Talon

Quand on jette un regard sur la position catégorique du peuple qui par deux fois a été ferme que sa "bible suprême" ne doit pas être touchée, l'on pourrait être amené à penser que le président de la République joue à un mauvais jeu et surtout que les députés du bloc de la majorité parlementaire sont tout sauf de bons soutiens pour lui. Pourtant plus proches de l'évidence, les sociétaires du Bmp s'illustrent au jour le jour par une mauvaise foi. Ils encouragent le chef à s'entêter dans un sentier réputé rempli d'embûches.

L'autre aspect de la chose est que le camp rupturien demandeur de la révision de la Constitution s'est engagé dans une manipulation d'information et tente à faire porter le chapeau aux députés de la minorité parlementaire. C'est dire donc, au vu d'une telle campagne de tentative de corruption de l'opinion, que les députés du Bmp savent pertinemment que la porte de sortie de la crise dans laquelle ils ont eux-mêmes plongé le pays ne se trouve guère dans une quelconque révision. Ils jouent juste à obtenir coûte que coûte de bonus au parlement pour continuer à jouir de certains intérêts inavoués. Une ruse que la population béninoise comprend parfaitement et ils peuvent s'imaginer à quoi s'attendre donc. On ne le dira jamais assez, la porte de sortie n'est pas dans la révision. Et y foncer la tête baissée ou comme d'habitude les yeux fermés, c'est verser de l'huile sur le feu.
Patrice Talon, Pr du Bénin


Par Clément WINSAVI, Clem'so

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