Togo : Un cultivateur, Séda Charles BAWIENA, écrit au président Faure
Au
Togo, l’atmosphère est multicolore. D’un côté, Faure Gnassingbé savoure sa
nouvelle élection à la tête d’une République qu’il dirige depuis maintenant quinze
années. Sur la base d’un KO proclamé par la Commission nationale électorale
indépendante (Ceni) et entériné par la Cour constitutionnelle, Faure s’est
offert un nouveau mandat et l’euphorie se célèbre toujours. D’un autre côté,
les togolais se désolent et voient un avenir sombre. Complètement brimé par ce qu’il
appelle « un score scandaleux qui a rendu tous les togolais malades »,
Séda Charles BAWIENA, cultivateur à Hilla-Douga,
un village Natoung du Canton de Ténéga dans la Préfecture de Doufelgou adresse
une lettre ouverte à l’ancien-nouveau président du Togo.
Intitulé
« LE POIDS MORAL QUI PESE
SUR LES TOGOLAIS », Séda Charles
BAWIENA expose dans sa lettre ouverte au président de son pays toutes les manœuvres
frauduleuses qui ont conduit à cette nouvelle intronisation de Faure Gnassingbé
et dénonce par la même occasion la complicité
des autorités qui, autour du chef de l’Etat, ont aidé à enterrer les vertus
privant ainsi la Nation d’une possibilité de vie sociale dans la République. Sans
langue de bois, ce cultivateur, habitué à tirer sur la sonnette d’alarme, ce qui
lui d’ailleurs valu quelques moments de torture au camp militaire Landja dans
les années 89-90, prête sa voix au peuple togolais et place le
président Faure devant le miroir de la conscience. Il dit ici tout ce que
devait être la gouvernance en vue d’un Togo viable. De toute façon, Séda
Charles BAWIENA ne compte pas se taire surtout qu’il ne comprend toujours pas « pourquoi
le président a forcé à garder le fauteuil présidentiel ».
LIRE LA LETTRE OUVERTE DE Séda
Charles BAWIENA AU PRESIDENT TOGOLAIS
Séda
Charles BAWIENA Natoung,
le 04 mars 2020
Cultivateur à Hilla-Douga
Village Natoung Canton de Ténéga
Préfecture de Doufelgou
Á
Monsieur
Faure Essozimna GNASSINGBE, Président de la République Togolaise
Concerne : LE POIDS MORAL QUI PESE SUR LES TOGOLAIS
Monsieur le Président,
Les
différentes élections tronquées au Togo ont fini par édifier un poids moral qui
pèse aujourd’hui sur les togolais de bonne volonté. Ce poids pèsera sûrement plus
lourd sur les générations à venir. Ce tribut qui touche notre « arrière-boutique »
est inacceptable et sans vous mentir, Président, nous sommes ébranlés !
Alors ne vous étonnez pas d’entendre se lamenter des togolais que vous ne
connaissez pas. Ces togolais existent au Togo avant votre naissance. Avant ces
élections, nous étions là, murmurant que ça ne va pas. Pendant ce temps, vous,
vous étiez ceint de tous ceux-là qui vous chantaient que tout « allait le
mieux dans le meilleur des mondes ». Ainsi flatté vous leur disiez : « ALLONS-Y ! »
Armé
de ce slogan, vous avez entrepris les élections législatives locales et
présidentielles en utilisant des outils électoraux taillés pour vos victoires.
Vous voulez savoir comment ces élections se passent au Nord-Togo pour vous
donner une fausse victoire ?
Veuillez
prendre patience et suivre le déroulement de la campagne, le jour de vote, les
résultats qui engendrent ce poids moral dont il est question ici.
1°)
LA CAMPAGNE ELECTORALE AU NORD-TOGO
Vous
tous vous revenez comme des envahisseurs et les cadres de chaque village,
canton, préfecture, sont chargés, autour des pots (Ducros) de boisson locale,
non pas pour éduquer la population ignorante, mais pour nous dire que les mauvais
togolais sont ceux qui ne suivent pas Faure.
Ce même dicton ridicule date d’ailleurs du temps de votre père et prédécesseur
à la présidence, et sans vergogne, ça continue avec vous, de nos jours !
Ils
font de fausses promesses sans même connaître le quotidien de ces populations.
Ils nous disent que, que nous le
voulions ou non, nous devons voter Faure.
Un cadre intellectuel de la Binah nous disait que nous, population du Nord-Togo,
nous sommes vos otages. Il est devenu ministre de la culture pour maintenir en
otage ces indigènes du Nord. Les enfants de ce ministre ne feront jamais partie
de ces otages, eux dont le sang du pays de la liberté coule dans les veines,
loin de nous. Et vous êtes nombreux à faire ainsi.
Au
cours de ces campagnes, les cadres du Parti-Etat, cherchent à débusquer ceux et
celles qui ne vont pas permettre d’enregistrer les 100% dans chaque bureau de
vote. Est-ce cela la démocratie ?
2°)
LE JOUR DE VOTE
A
cette dernière élection présidentielle, ont été ramenées, de toutes les
maisons, les cartes d’électeurs des morts. Les enfants ont voté, des électeurs
avaient plusieurs cartes. Les points focaux du Parti-Etat se sont transformés
en soldats pour la victoire, des prêtres coutumiers surveillaient des urnes déjà
bourrées. Les chefs villages, les chefs de cantons, les Préfets, tous du
Parti-Etat et intentionnellement nommés ou imposés à ces postes, étaient
chargés de tout faire pour vous assurer la victoire. Tous les services de
l’Etat étaient Faure. Des communes où l’argent circule comme de l’eau, c’est le
cas de Défalé, ont exigé de leurs ressortissants, à Lomé, de monter voter dans
leurs communes d’origine.
Des
gens du Nord vivant à Lomé et d’autres cantons du pays, ont été recensés doublement
dans les villages de Défalé. Leur voyage aller-retour Lomé-Nord et leur séjour
ont été pris en charge. Votre conseiller spécial des finances, votre président
de la CENI ne manquent pas d’argent pour payer tous ces frais. Vous avez été
fier que ces milieux ont bien travaillé : pas d’opposition, alors vous y
avez eu les 100% de vote. Bravo ! Et que vive la démocratie !
3°)
LES RESULTATS
Monsieur
le Président, vos cadres, chefs et préfets militants ont outrepassé cette
année, ce 22 Février 2020, les limites et les normes élémentaires de l’éthique
politique. Le vol était à découvert.
Les enseignants chargés de former
les enfants ont fait usage du faux. Toutes les autorités officiellement
savaient qu’elles enregistraient du faux. Alors il ne restait à SAMBAGO, qui a
voulu transformer en victoire ses propres échecs (pas réussi à cultiver, alors
qu’il était formé agronome, pas réussi de faire la recherche agricole, alors
qu’il a été formé dans le Centre Américain d’Ibadan au Nigéria, a contribué à
l’échec de Togo-Fruit en transformant l’usine d’anacarde à Yadé en ferrailles,
à mener à la faillite SOTOCO…) en vous proclamant vainqueur avec ce score
scandaleux qui a tous les togolais malades ! Il y a même un malaise chez
vos partisans qui ont du mal à se réjouir franchement. Président, comment vous
vous êtes senti ce jour des proclamations ? Dans les campagnes du nord, le
souffle des ancêtres qui ne connaissaient pas le vol, a été coupé, le vent
s’est arrêté de souffler et les arbres se sont immobilisés, l’environnement
était blessé, pollué et j’ai entrepris le veuvage des valeurs morales qui sont
décapitées. Le poids moral qui pèse sur la conscience des togolais en ce moment
est très lourd. Le peuple se sent trahi. Il n’est pas avec vous. Ne confondez
pas la populace et vos inconditionnels avec le pays. Votre victoire sent
l’échec.
4°)
VOTRE ECHEC DE GERER LE PAYS
Pourquoi
avoir forcé à garder le fauteuil présidentiel ? Pour gouverner avec
qui ? Avec Monsieur BAWARA, ramené des pays étrangers comme un mercenaire
politologue ? Lui qui vous ment dans les discours et ne connait pas les
souffrances du milieu d’où il vient, et n’accepte aucun conseil ? Comme je
ne connais pas cet enfant ; j’ai toujours passé par des sages pour lui
donner des conseils et ces sages même autour de vous m’ont répondu que c’est un
enfant impoli qui se fie seulement à son savoir politique ; c’est avec lui,
qui vous a menti que vous avez construit un château d’eau au nouveau marché de
Niamtougou, alors qu’aucune goutte d’eau ne goute de ce château ? Et ce
marché qui est un bien commun que vous avez marqué des effigies de votre parti,
est-ce vraiment cela la démocratie ? Etes-vous vraiment fier de ces
pratiques rétrogrades ? Est-ce l’Etat ou un parti qui a construit ce
marché ?
Avec
Monsieur KANIKATOUA qui était un homme sans problèmes et ne cherchait seulement
que l’amitié pour rigoler et qui n’était pas fait pour la politique, mais
malheureusement depuis que le feu Président en a fait son
« Colbert », vous avez accroché à son coup à jamais un poulet
noir ?
Avec
Monsieur DRAMANE Dramani et AYASSOR, mes collègues d’université, qui ne
comptent que sur leurs fortunes et qui deviennent incontournables en obstruant
ainsi la bonne gestion du pays ?
Président,
regardez une image : vous enlevez AYASSOR du Ministère des Finances et
vous nommez un autre à sa place. Et dans le même temps ce même AYASSOR est
nommé Conseiller Spécial des Finances près de vous à la Présidence. Comment le
nouveau Ministre des Finances peut-il travailler alors que pour vous voir à la
Présidence il doit passer par votre conseiller. Dans ces conditions qu’est-ce
que celui-là peut améliorer ?
Je
regrette que ces deux collègues, au lieu d’être autour de vous des VAUBAN, des
QUESNAY, des CONDORCET, des ADAM SMITH, des GRANDEAU, en luttant contre
l’ignorance des peuples des campagnes pour les remonter à la surface des
petites connaissances pour une meilleur vie, ont plutôt exploité cette
ignorance pour votre fauteuil présidentiel. C’est
vraiment un grand péché de profiter de l’ignorance du pauvre pour manger tout
son plat !! J’ai honte de ces deux
collègues et je regrette d’avoir aidé Dramane Dramani pendant 3 ans en lui
prenant des cours à la Faculté de Droit. Je croyais qu’il va réussir pour faire
grandir le peuple et non pour accumuler pour lui et marcher contre le
peuple ! Président voici le lot de ceux-là qui vous entourent des années
durant et ne veulent pas que vous procédiez à la relève administrative et
à l’alternance politique.
Avec
le Premier Ministre qui sait bien faire les discours comme il les faisait en
tant qu’étudiant et dont l’échec vous a amené à vouloir mener vous-même
l’action gouvernementale ? Ce n’est pas nous qui disons qu’ils ont échoué,
c’est vous ! Et voyez comment :
a)
Quand vous avez chargé à votre Directrice de Cabinet du Ministère du Développement
à la Base de mener des actions qui revenaient aux différents ministères, en
obstruant ainsi l’action gouvernementale, vous vouliez dire que le gouvernement
ne descend pas à la base ! C’est un ministère prétexte. Son gaspillage des
fonds qui devaient servir aux différents ministères est un péché.
b)
Quand vous-même, vous avez cru bâtir un programme social, pour l’animer
vous-même à travers tout le pays, les ministres vous suivant comme des
animateurs d’une ONG ; vous avez reconnu que dans tous les ministères,
votre programme n’est pas concrétisé. Les ministres ont été dédouanés de leurs
charges. Quand on pose la question à ceux qui sont chargés de ce programme, ils
disent que vous mettez l’argent dans les ministères et il n’y a pas de
résultats. Alors vous avez entrepris vous-même. Or en tant qu’économiste vous
savez que ce « Programme Social Faure » déstructure les ministères
chargés de mettre en œuvre les programmes du Président. Vous savez aussi qu’en
menant ce programme, non pas avec votre argent, mais avec l’argent du budget de
l’Etat, c’est un détournement du dénier public !
A propos, Monsieur le Président, un projet social de cette envergure veut
corriger l'action des membres du gouvernement.
5°)
DES TOURNANTS RATES OU DES RENDEZ-VOUS MANQUES
Après
les deux mandats, vous avez raté l’alternance avec BODJONA qui vous a fait
Président de la république Togolaise. Si vous l’aviez laissé libre avec son RPT
et que vous créez votre UNIR pour les prochaines fois, alors on devrait dire
voilà un début de démocratie au Togo. Vous avez piétiné les vœux de votre feu
Père qui nous disait qu’eux, lui et son équipe dirigeante, gouvernaient avec
l’arme et que nous, nous devons étudier pour gouverner demain avec la tête. Il
vous a amené dans les écoles de renommées pour vous donner cette tête. Il ne vous bénira jamais d’utiliser ses procédés
pour gouverner.
Pourquoi
Monsieur le Président, avez-vous raté ce tournant ?
On
aurait pu penser que vous vouliez utiliser le troisième mandat pour préparer la
relève. Mais non, vous avez utilisé les 5ans de ce mandat pour dépenser des
sommes faramineuses pour cette élection de la honte. Pourquoi ?
Malgré
tout, des voix se sont levées partout pour vous conseiller. Ces voix étaient
des gendarmes couchés mais vous avez survolé tous ces gendarmes couchés pour
arriver à vos élections. Je faisais partie de ceux qui devaient vous écrire
pour vous prier de préparer la relève mais le train de votre Ministre BAWARA
qui vous conduisait était déjà dans ses vitesses de croisières. Ce train de
Monsieur BAWARA vous a amené tous dans un marais et vous êtes encerclés par les
yeux du peuple et du monde entier.
Monsieur
le Président au lieu d’insister à gouverner avec le sang comme votre ministre
de la sécurité nous le promet, ne serait-il pas mieux d’appeler au secours tous
les sages du pays. Car ces fausses élections ont piétiné les ancêtres, les
valeurs éthiques, morales et culturelles de la Terre de nos Aïeux. Même si la Cour
constitutionnelle a rafistolé ces scores scandaleux, elle ne peut pas effacer
dans la mémoire du peuple qu’il y avait toujours eu vol et qu’aujourd’hui ce
vol a été exposé en plein jour aux yeux du peuple togolais et du monde entier.
6°)
LE POID MORAL DE CES ELECTIONS TRONQUEES
« C’est
gênant dans ce monde de parler d’éthique, de la dignité de faibles, de parler
d’un Dieu qui exige un engagement pour la justice … Il faudra gêner et
risquer pour ne pas être complice de ce qui ne marche pas », nous exhorte le
Pape François. Et vous connaissez bien ce Pape qui vous a reçu plusieurs fois
et vous aussi, vous savez que rien ne marche au Togo. Vous savez bien que ce
qui ne marche pas peut conduire au dessèchement et à la mort ! Pourquoi
alors toutes les valeurs ont été piétinées pour que nous en arrivions à la mort
de la Nation ? Quelle vie sociale possible dans une Nation sans les vertus
morales ? Pourquoi Monsieur le Président, les cadres qui vous entourent
ont manqué d’esprit républicain et d’âme d’humanistes ?
Ce
manque de vertus morale a amené aux vols des ressources de la Nation en haut
jusqu’en bas. Tout le monde peut décaisser pourvu qu’il s’agite pour le
Parti-Etat.
Président
voyer les résultats de votre programme des grands travaux :
Les
routes ne finissent jamais pour cause de corruption. Le petit chinois
dit : « petit argent, petite route ».
Commission,
commission du haut en bas. Les projets de développement sont des sigles. Un
sigle chasse un autre. (cf. ma lettre au Président de l’Université de Kara du
31 Mai 2019).
Vous
allez vous demander d’où je viens aujourd’hui et qu’est-ce que j’apporte comme
contribution pour que la Nation togolaise se tienne débout ?
6°)
MA PART DE CONTRIBUTION
Les
études font de nous des privilégiés pour que nous apportions notre part de
lumière à nos frères, à notre pays. Quant à moi ; avec mon épouse, je me
suis mis à cultiver la terre et à former les paysannes, les paysans et les
enfants à partir de 1984. C’est dans ce travail que j’ai rencontré des
difficultés avec votre régime et j’ai commencé à balbutier quelques mots par
écrit.
Dans
les années 1989-1990, j’avais, dans un document, écrit qu’aucun Président
africain ne saura donner du travail à sa jeunesse et que les cadres politiques
à la retraite réoccuperont des postes réservés à cette jeunesse. Vos cadres du
Parti Etat-RPT mué aujourd’hui en UNIR, ont brandi des armes sur moi. Ils ont
dit que j’ai insulté le feu Président, votre Père. Mon épouse et moi avions été
enlevés un petit matin manu militari pour
être amenés au camp militaire Landja, après une escale à Pya, où nous avions été
enfumés dans une sorte de garage en cave sous l’étage du Président. Nous avions
eu droit, une fois au camp militaire, à un accueil très chaud par les officiers
qui entouraient le Commandant BERENA. Insultés, humiliés et poussés violemment hors
du Camp, nous avions entrepris à retourner à Niamtougou à pied quand un
étranger en voiture nous a récupérés.
Monsieur
le Président, à combien de jeunes donnez-vous aujourd’hui de l’emploi ?
Par contre votre régime les exploite en organisant des concours dans le cadre
des élections. Ce sont ceux qui vont bourrer et transporter des urnes après
avoir enlevé les bulletins des autres partis ; ce sont eux qui seront embauchés,
même s’ils n’ont pas passé le concours. L’argent des autres candidats
malheureux servira à renflouer les caisses. Le régime profite de la recherche
d’emploi des jeunes pour les exploiter, eux qui sont déjà sur le carreau.
Concernant
le comportement des dignitaires du parti, regardez seulement autour de vous.
Combien d’anciens qui devaient rejoindre leur retraite et profiter pour aider
leurs frères pauvres, continuent à occuper des emplois d’état et
accumulent ! L’argent circule en titans, en cartons, en valises et
se stock dans les châteaux. Les billets froissés ne s’utilisent pas chez
certains de vos dignitaires ; on les jette dans un sac-poubelle, alors que
nous autres collons soigneusement les billets déchirés.
Monsieur le
Président, vous-même avez créé des Ministères de Finances parallèles et les
valises d’argent que des organismes régionaux, des contrôleurs de la
transparence des élections, emportent sans nombre. Comment la CEDEAO ne
peut-elle pas dire que c’est bon ?
Mon papa,
quand je me comportais mal, me disait qu’il n’est pas sûr que ce soit ce qu’on
nous enseigne à la catéchèse. Monsieur le Président, moi je vous dirai aussi
que je ne suis pas sûr que ce soit cette gestion que les universités américaines
vous ont enseignée. Si je me trompe alors nous allons interpeler le Président Donald
TRUMP !
Vous les
grands du pays, vous accumulez mais vous utilisez les petits services privés
sans payer et c’est l’Etat qui paie les fonctionnaires qui sont à vos affaires
privées. C’est injuste et inacceptable !
C’est avec
ce comportement que la prospérité du Togo se réalisera-t-elle ?
Pourquoi
nous avoir maltraités pour ce regard prospectif qui aurait dû vous permettre
d’anticiper cet avenir ?
Durant
notre présence des 40 ans dans les Terres Arides et parmi les Cœurs Arides du
nord Togo, les soins de santé de la population se sont dégradés, les institutions
sanitaires manquent de tout. Nous mourrons en tas par manque de soins. Les
analyses de laboratoires n’arrivent pas à détecter nos maladies qui deviennent chroniques
et nous amènent à la mort. Les laboratoires pour les
bonnes analyses manquent, les hôpitaux sont de nom, l’eau manque, etc.
L’éducation
fait sortir des produits médiocres. Les bacheliers, les licenciés sont
retournés dans leurs villages et vivent de l’économie de cueillette et vous
continuez à dire ALLONS-Y ! Pour quelle prospérité du Togo ? Avec qui
et avec quoi ?
La
corruption au sommet de l’Etat est descendue dans les communautés :
« l’argent communautaire n’appartient à personne, et qui a vu l’argent
passer et l’a laissé ? », disent souvent les bons militants de votre
parti, et impunément. Au contraire, ces mêmes personnes peuvent devenir royalement
DAF de votre BAWARA ou Chef Canton de communauté.
Mais
pendant ce temps, moi, je ne baisse pas les bras. J’écris au Préfet, j’écris au
Ministre de l’intérieur, j’écris au premier ministre, l’écho du silence me
revient en guise de réponse.
Aussi,
troublé par ces comportements de vous en haut qui compromettez l’avenir de la
Nation, ai-je pris mon Bic et tracé ces quelques lignes à un ami le 16
Septembre 2018 : J’étais resté critique malgré que je vis à la base croyant à un éveil de
conscience pour qu’on puisse construire ensemble demain qui est l’avenir des
nouvelles générations mais je ne savais pas que :
-
La corruption
était légalisée au Togo
-
L’impunité des
membres de l’Etat protégeait les punissables dans la communauté à la base
-
La mauvaise foi
irriguait les veines des hommes politiques
-
Une gouvernance
orgueilleuse et une avidité excessive des hommes de l’Etat éclaboussaient le
dialogue, méprisaient les valeurs culturelles qui ont toujours maintenu
l’équilibre social
-
Nos grands
hommes manquent d’attention à l’avenir sacrifié et à l’injustice qui secrètent
des extrémismes et font disparaitre les anciens villages.
Pour résumer mieux mon
propos à mon ami, j’ai fait appel aux propos du Pape François qui résument
mieux ces comportements : « Plus le cœur d’une personne est vide,
plus elle a besoin d’objets à acheter, à posséder et à consommer. Dans ce
contexte, il ne semble pas possible qu’une personne accepte que la réalité lui
fixe des limites. A cet horizon, un vrai bien commun n’existe pas non plus. Si
c’est ce genre de personnes qui tend à prédominer dans une société, les normes
seront seulement respectées dans la mesure où elles ne contredisent pas des
besoins personnels. C’est pourquoi nous ne pensons pas seulement à l’éventualité
de terribles phénomènes climatiques ou à des grands désastres naturels, mais
aussi aux catastrophes dérivant de crises sociales, parce que l’obsession d’un
style de vie consuméristes ne pourra que provoquer violence et destruction réciproque,
surtout quand seul un petit nombre peut se permettre… »
Je disais à mon ami
qu’au Togo nous vivions déjà cette catastrophe sociale qui n’arrange personne
et j’invitais le Pape François qui est serviteur de celui qui est
« Pont » entre les hommes et qui croit que tout ne peut être perdu
« parce que les êtres humains, capables de se dégrader à l’extrême peuvent
aussi se surmonter, opter de nouveau pour le bien et se régénérer… ».
Je l’invitais, car
aucune supplication au Togo n’a pu vous émouvoir, Monsieur le Président, je
l’invitais à vous parler, non pas en vous bénissant comme il l’a toujours fait
au Vatican et ça n’a pas changé votre cœur, mais à vous parler comme il l’a
fait à sa curie le 22 Décembre 2014.
Président, c’est ici
que ma contribution s’arrête.
Mon âge et ma profession
de cultivateur de la terre qui se refermera sur moi pour le repos éternel, me
commandent de dire ce que je pense sans diplomatie. Un vieux de Siou me
disait : « avant nous pleurions dans nos cœurs mais maintenant nous
devrions ouvrir nos bouches pour crier ».
Quand le Ministre de la
sécurité fera verser mon sang, ce sang écrira sur le sol de nos Aïeux au nom de
qui je parle : « ça ne va pas, le pays que nous vous avons légué est
tombé de par votre faute !
FAURE !! ».
Votre
individu, votre sujet (ce sont les noms que vos préfets me donnaient)
Séda Charles BAWIENA.
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