1ers mots de Ganiou Soglo depuis son retour au Bénin : « Je continuerai le combat avec détermination »

 


L’attentat perpétré sur sa personne il y a plus de deux mois n’ébranle point sa détermination dans la lutte pour la liberté et la restauration de la démocratie au Bénin. L’ancien ministre Ganiou Sglo, puisque c’est de lui qu’il s’agit, fait sa première sortie depuis son retour au pays après son évacuation sanitaire à Paris. Le fils de l’ancien président de la République a témoigné sa gratitude à tous ceux qui ont œuvré afin qu’il puisse se rendre à l’étranger se faire opérer suite à la tentative d’assassinat dont il a été victime dans son pays et qui s’est soldée par une balle logée dans son thorax.

Ganiou Soglo a déploré le comportement de l’armée béninoise qui a ouvert le feu sur des populations dans certaines régions du pays, suite aux manifestations qui ont éclaté pour exprimer le mécontentement du peuple qui appelait Patrice Talon à ne pas outrepasser les limites de son mandat qui, constitutionnellement était arrivé à terme le 5 avril 2021. Selon l’ancien ministre, l’armée est pour le peuple et « rien ne saurait justifier » qu’elle puisse tirer sur lui.

S’agissant du chantier de la restauration de la démocratie dans lequel il était engagé avant d’être pris pour cible, il ne compte pas démordre. « C’est avec grande dignité que je vous dis que ce combat, je continuerai à le mener. Le combat de la liberté, liberté d’expression, d’association, de critiques. Oui. C’est un combat noble… ce combat, je le continuerais, à ma façon mais avec détermination, clairvoyance et surtout l’amour dans mon cœur. Rien ne saura me détourner de cette mission », a-t-il conclu.




ADRESSE DE L’ANCIEN MINISTRE GANIOU SOGLO


Pour commencer, une pensée pour nos camarades  tombés sur le champs d'honneur 

Chers parents, j’ai quitté le Bénin il y a à peu près deux mois de cela, exactement le 11 février 2021. Et c’est avec beaucoup de joies que je me présente de nouveau devant vous après tout ce que j’ai vécu ainsi que ma famille, mes amis. C’est le lieu de tous vous remercier sincèrement pour l’affection dont vous m’avez témoignée durant cette dure épreuve.

Il n’est jamais facile de revenir de ce que j’ai vécu. 

Malheureusement, notre pays vit des moments particuliers où la vie humaine est aujourd’hui désacralisée. En témoignent des pertes en vies humaines que nous constatons de nos jours dans notre pays le Bénin.

Je tiens à remercier sincèrement le corps médical, en particulier la clinique Mahuna qui m’a délivré les premiers soins de cette tentative (d’assassinat, NDLR). Mes remerciements également à l’endroit du Cnhu de Cotonou.

Beaucoup de choses ont été dites et écrites sur ce que j’ai vécu. Il est donc capital de rappeler que la médecine est quelque chose qu’on ne peut pas prendre à la légère. C’est une science. Je ne suis pas médecin, mais j’ai avec moi les images et clichés des scanners qui ont prouvé que n’eut été mes côtes, cette balle aurait pu atteindre les artères et je n’aurai pas peut-être été en mesure de vous parler aujourd’hui.

A toutes celles et à tous ceux qui ont permis mon évacuation, je vous remercie du fonds de mon cœur. Je ne vais pas citer toutes celles et tous ceux qui ont œuvré pour que je puisse le 11 février 2021 être évacué dans les meilleures conditions en région parisienne  où j’ai été opéré dans un hôpital militaire, l’hôpital des instructions de Percy

Je tiens à remercier personnellement la *Compagnie Axa assistance qui a permis cette évacuation. Je ne manquerai pas de remercier personnellement une personne qui m’est chère et qui a rendu cela possible. Toute la *famille SOGLO* te remercie. Je ne remercierai jamais assez mes parents qui ont  financé entièrement  cette évacuation. Remerciements à toute la *Famille SOGLO-VIEYRA*

Gratitude à l’endroit de tous, à mes amis de l’étranger. Je tiens à vous dire que je vais bien et que moralement je tiens le coup.

A celles et à ceux qui à un moment donné ont cru qu’ils pouvaient m’atteindre par cet attentat, ils ont oublié que je porte un nom illustre, et de guerrier.. 

Pour l'histoire Les *SOGLO* ont été des chefs de guerre des rois d’Abomey. Ils ont mené aux côtés des amazones, de vaillants combats pour l’édification de grand royaume d'Abomey. Alors, je tiens à les rappeler que je porte bien ce nom, *SOGLO*. Mes côtes ont permis à cette balle de ne pas m’atteindre mortellement. Je remercie mes aïeux, eux qui ont fait en sorte que ce pays dans une moindre mesure soit le pays que nous avons connu.

Encore une fois, je suis rentré au Bénin à un moment fatidique où malheureusement en tant que digne héritier d’une lignée de chefs de guerre, c’est avec tristesse que je constate que l’armée puisse tirer à balles réelles sur ses populations. Nous sommes tous responsables de cette situation parce que nous avons pas su protéger nos populations Rien ne doit justifier un tel acte.  Le code d'honneur l'interdit. 

C'est la police républicaine mieux outillée qui devrait répondre à toute exigence ou au maintien de l’ordre public. 

Notre armée, au moment où nous traversons des moments difficiles en Afrique, dans la sous-région, devrait être aux côtés de ses pairs Burkinabè, Maliens, Nigériens, Nigérians pour lutter contre cette menace djihadiste qui fait tant de dégâts dans nos populations de pays frères.

C’est  malheureusement avec gravité que je constate que cette armée dite républicaine tire sur nos populations. Une fois encore je réitère mon soutien et toute ma compassion à nos frères et soeurs des Collines et Nord. Qu'ils sachent que la lutte n'est pas finie . Le combat pour lequel ils ont perdu leurs vies n'est pas fini. Nous irons jusqu'au bout. Je tiens également à rappeler aux uns et aux autres que le combat de la liberté n’est pas un vain mot. La liberté d'expression, la démocratie a permis à l’actuel gouvernement d’être au pouvoir et ne doit pas nous dévier de cette ligne de conduite. 

C’est avec courage et dignité que je vous dis que ce combat, je continuerai à le mener. 

Le combat de la liberté, liberté d’expression, d’association,  Oui. C’est un combat noble qui mérite aux yeux de toutes celles et de tous ceux qui sont en exil, qui voient leurs parents emprisonnés, tués, massacrés.

Oui. Cet idéal vaut la peine que nous continuons ce combat. Je le continuerai, à ma façon mais avec détermination, clairvoyance et surtout avec beaucoup d'amour l'amour de sa Patrie. 

Rien ne saura me détourner de cette mission.

Sachez que je suis bien là et que je compte continuer à vivre et à rester dans le pays. C’est important. 

A vous tous, je souhaite une agréable journée. 

A toutes celles et ceux qui ont commencé le Ramadan, soyez dans la prière pour ceux qui ont perdu la vie pour que nous puissions nous exprimer aujourd'hui. Que les mânes de nos ancêtres nous donnent la force, le courage, la dignité pour continuer cette œuvre de salut public.  

A vous toutes et à vous tous, 

MERCI encore.

 Dieu bénisse le BENIN.



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