Nouvelles révélations de Valentin Djènontin sur le régime Yayi : Une vie d'autorités avec le respect du bas peuple
« Ma Prophétie ». C'est la tribune à travers laquelle l'opposant contraint à l'exil en France s'exprime désormais. Par ce canal, Valentin Djènontin, ancien ministre et ex député se lâche sur ses expériences, sa vie. À l'épisode 4 qu'il a sorti hier, le point est mis sur la vie des ministres sous le régime de l'ancien président Boni Yayi. Contrairement à ce qui se vit aujourd'hui, les ministres n'étaient pas à de gros salaires. D'abord, l'ex garde des sceaux a révélé qu'à la nomination, les installations des ministres se font à crédit et qu'il n'y a pas deux primes d'installation lorsque tu es reconduit au gouvernement. « La prime est payée bien plus tard par le trésor public après des formalités administratives », a-t-il précisé.
Aussi, pas comme de nos jours, il n'y a pas de spéculation possible du fait que l'on ignore le salaire des responsables des portefeuilles ministériels. Le salaire des membres du gouvernement n'était pas un mythe. « Les salaires politiques ne constituent pas un secret. Un décret définit ces salaires », à laissé entendre Valentin Djènontin. À l'entendre, les ministres ont une vie qui respecte le bas peuple. Ils n'étaient pas à coût et millions contre la misère du peuple. L'ancien ministre a indiqué que le président Boni Yayi s'opposait d'ailleurs à l'augmentation des salaires des ministres moyennant celle des travailleurs. Car, le gouvernement de ce moment était en poste pour servir la Nation et non se servir.
Dans un autre volet, le ministre Valentin Djènontin a raconté les conditions pour accéder aux postes électifs qui sont devenus de nos jours, des postes de nomination. « N'était pas chef quartier où du village, chef d'arrondissement, maire, député celui que désigne le président de la République, mais celui qui avait un électorat et qui contrôlait avec les militants du parti de sa circonscription électorale », a-t-il fait savoir. Pour conclure, il affirme que , « l'homme politique doit être humble, empathique, sympathique et généreux », même si ce fait ne doit pas devenir la norme.
LIRE L'ÉPISODE 4 DE « MA PROPHÉTIE »
MA PROPHETIE
Episode 4 : 19 Mai 2022
Le salaire des Ministres du Président YAYI Boni.
Le salaire que gagnent les Ministres est un sujet qui a toujours fait l’objet de polémique et de débat entre syndicalistes, travailleurs, population, militants et proches.
Ici, je voudrais lever un coin de voile sur ce que gagnaient les Ministres sous le régime du Président YAYI.
L’éclairage que j’apporte ici se rapporte au second mandat du Président YAYI Boni (2011-2016), période au cours de laquelle j’ai été plusieurs fois Ministre.
Trois éléments retiennent mon attention dans la rémunération des Ministres sous le Président YAYI :
- Les primes d’installation
- Le salaire mensuel
- L’assurance maladie.
Contrairement aux chiffres mirobolants souvent avancés :
- Les primes d’installation.
Pour leur installation, les Ministres nouvellement nommés au Gouvernement de YAYI ont droit à une prime de cinq (5) millions de francs CFA par Ministre et non 50 ou 100 millions comme je l’entends souvent dire.
Cette prime est payée une seule fois même si le Ministre est reconduit plusieurs fois dans le gouvernement suite aux remaniements ministériels.
A preuve, personnellement, j’ai participé à sept (7) Gouvernements du Président YAYI Boni dans trois départements ministériels différents entre 2011 et 2015; mais je n’ai perçu lesdites primes qu’une seule fois.
Je vous raconte une petite anecdote. Un jour, en compagnie de quelques collègues Ministres, nous étions allés voir certains responsables de l’une de nos communautés. Dans une blague, l’un nous dit « Messieurs les Ministres, il paraît que vous percevez en début de fonction 50 millions et vous nous laissez ainsi ?». Les collègues et moi avions éclaté de rire ainsi que nos hôtes. J’ai répondu à la personne qui a soulevé la préoccupation que ce n’était pas vrai et mieux, cette prime n’est pas automatiquement perçue. La preuve était que nous ne l’avions même pas encore reçue au moment où l’on parlait.
La prime est payée bien plus tard par le Trésor Public après des formalités administratives.
- Le salaire mensuel du Ministre.
Chaque Ministre gagnait un salaire brut (salaire de base plus diverses primes et indemnités) de Un million sept cent mille (1.700.000) francs CFA.
Ce salaire est frappé d’IPTS (Impôts Progressifs sur Traitements et Salaires) d’un peu plus de cinq cent mille (500.000) francs CFA.
En définitive, chaque Ministre percevait en net un salaire mensuel de Un million cent ou deux cent mille (1.100 ou 1.200.000) francs CFA selon ses charges familiales (nombre d’enfants à charge).
Ce salaire comprend les salaires du personnel de maison (cuisinier, jardinier, etc..) que le Ministre doit défalquer de son salaire et payer directement ses employés.
Ce salaire est celui que j’ai perçu ainsi que la quasi totalité de mes collègues.
Je ne sais pas si le Premier Ministre, le Ministre d’Etat et les Ministres vivant à l’extérieur avant leur nomination percevaient un salaire différent des nôtres.
- L’assurance maladie.
Le Ministre bénéficie avec sa famille (épouse et enfants de 21 ans au plus) d’une couverture sanitaire matérialisée par une assurance maladie à la charge de l’Etat.
Voilà la réalité des choses en ce qui concerne la rémunération des Ministres sous le Président YAYI en mon temps.
D’ailleurs, les salaires politiques ne constituent pas un secret. Un Décret définit ces salaires et en tant qu’acte réglementaire, il fait en principe l’objet de publication au Journal Officiel de la République.
Contrairement aux salaires des fonctionnaires, le salaire des Ministres n’a connu aucune augmentation sous le mandat du Président YAYI.
A cet effet, je ne crois pas violer un secret en vous racontant un débat qui a eu lieu un jour en Conseil des Ministres.
Aux lendemains de l’augmentation à polémique de 25% du salaire des fonctionnaires suite aux pressions des centrales syndicales hyper puissantes dans le temps (Rires), les Ministres ont demandé au Président de la République, YAYI Boni d’améliorer légèrement leurs traitements. Le refus catégorique du Chef de l’Etat a été immédiat. Selon lui, augmenter le salaire des Ministres juste après l’augmentation de celui des fonctionnaires dans un contexte de crise sociale notoire à peine contenue, serait perçu comme une provocation des syndicats surtout que les Ministres gagnent relativement mieux que la plupart des cadres de l’administration ; certains Directeurs Généraux de Société gagnent plus que leurs Ministres de tutelle.
Il n’était pas prêt à engager ce bras de fer avec les partenaires sociaux.
S’il y avait un exercice que je me refusais de faire, c’était de vous entretenir sur la manière dont la plupart des Ministres sous le Président YAYI dépensaient leur salaire. Toutefois, pour éviter de donner à mon exposé un goût d’inachevé, je vous raconte un peu ce qui se passait en raison surtout des conditions particulièrement difficiles dans lesquelles nous avions travaillé : vivacité démocratique où les postes électifs étaient pourvus suite à des élections libres, transparentes, inclusives, pacifiques ; où les syndicats, les étudiants pouvaient manifester leurs mécontentements par des grèves perlées ; où des magistrats, avocats, membres de la société civile pouvaient organiser des marches de toutes les couleurs ; où les citoyens, les journalistes, les membres d’ONG pouvaient librement exprimer leurs opinions et même traiter le Président de la République de tous les noms d’oiseaux, menacer devant caméras et micros les Ministres sans craindre la prison, sans être enlevés, sans être tués ou contraints à la clandestinité ou à l’exil.
Dans cette atmosphère, le Président YAYI a choisi d’être constamment aux côtés de son peuple, détenteur exclusif de la souveraineté et de la légitimité sur le terrain avec ses Ministres. Cette propension du Président à être tout le temps au contact de la population, que d’aucuns qualifiaient de populisme pouvait se justifier par la nécessité d’apporter le son de cloche du Gouvernement au bas peuple régulièrement abreuvé de mensonges, de montages, d’intoxications aux fins de le manipuler contre l’exécutif. Ces sorties permettaient de présenter à la population non seulement les réalisations de l’exécutif mais aussi et surtout de lui expliquer les causes des tensions artificielles entretenues sur le terrain par la classe politique dont la face et les ambitions cachées se révèlent depuis Avril 2016.
Dans ces conditions, le contrôle territorial de l’électorat par les Ministres politiquement engagés devenait un enjeu vital, primordial et crucial puisque les élections (locales, communales, législatives, présidentielle) se gagnaient de hautes luttes.
N’était pas Chef de quartier ou de village, Chef d’arrondissement, Maire, Député celui que désigne simplement le Président de la République, mais celui qui avait un électorat et qui contrôlait avec les militants du parti sa circonscription électorale.
Ces descentes régulières des Ministres dans leur localité n'étaient pas sans incidence sur leur salaire. Ces déplacements avaient un coût et un prix à payer.
L’entretien de l’électorat se fait à travers non seulement la présence physique régulière du Ministre sur le terrain aux côtés de la population, mais aussi et surtout par la prise en charge financière des évènements heureux et malheureux des militants; le financement des activités des associations de femmes, des mouvements de jeunes, des scolaires, des étudiants, des groupements socio culturels, l’appui matériel et financier aux chefs traditionnels, têtes couronnées, dignitaires religieux, responsables de confessions religieuses, les cadeaux pour les fêtes de fin d’année, etc….
Donc, sur le salaire du Ministre, surtout ceux qui étaient politiquement actifs et engagés sur le terrain, étaient greffées d’énormes charges sociales inimaginables.
Les sollicitations étaient si énormes et récurrentes que, malgré tous les efforts et sacrifices du Ministre, il était incompris de la famille, des parents, des amis, des militants, des responsables d’associations et de mouvements; chaque personne ou chaque groupe estimant n’avoir pas assez reçu oubliant littéralement que le Ministre reçoit par jour et de toutes parts des centaines de demandes de toutes natures et qu’il n’a pas une planche à billets.
Derrière l’aisance apparente de certains Ministres d’alors, se cachait une véritable misère puisqu’ils étaient écrasés par les demandes d’assistance.
Je pourrais affirmer que la prospérité relative d’antan était bien partagée non seulement au niveau macro mais aussi au niveau micro.
Tout Ministre qui n’avait pas le sens du partage avec sa population ne pouvait rester dans l’arène politique béninoise.
Avec le recul, à titre personnel, je continue de croire que l’homme politique doit être humble, empathique, sympathique et généreux.
Néanmoins, j'estime que cela ne devrait pas être la norme en politique que le Ministre ou le Député soit perçu comme le responsable régional des services sociaux. Les populations doivent comprendre que les autorités politiques n'ont pas vocation à régler personnellement leurs problèmes financiers ou à leur faire des cadeaux et autres dons.
Les ministres, les députés, les responsables politiques, de par le salaire relativement élevé qu’ils gagnent, doivent faire preuve de générosité pour aider les populations s’ils le peuvent ; mais, cela ne devrait pas constituer un critère de choix politique. Il s’agit d’une déviance comportementale qui a été installée par certains hommes politiques aux lendemains de la Conférence Nationale et progressivement entretenue. Nous avons tous l’impérieuse obligation de travailler à endiguer cette habitude par l’éducation à la citoyenneté.
Mais à l’examiner de près, le harcèlement financier des Ministres et Députés par une certaine couche de la population a de mon point de vue sa source dans le chômage notoire des jeunes sans emploi, la misère prononcée des cultivateurs, artisans, vendeuses, etc…, la non couverture sanitaire de tous par une assurance maladie; bref un problème de développement et de distribution. Il urge véritablement que les hommes politiques repensent le modèle de développement du Bénin et surtout les questions sociales d’emploi, de santé, de solidarité, d’éducation pour toutes les couches de la population au plan national.
Nous devons sortir des sentiers battus, changer totalement de paradigmes et rentrer dans une dynamique d’innovation avec seule référence le bien-être social intégral, holistique de tous les citoyens quel que soit leur statut.
Tout développement qui ne place pas l’Homme au cœur des préoccupations est vicieux, vaniteux et anti progrès. Ce système ne générera qu’indignation, mépris, mécontentement et révolte.
Gouvernants, gouvernés, à chacun de jouer convenablement sa partition pour le bonheur de toute la communauté, pour la paix et l’harmonie.
« C’est la bénédiction de l’Eternel qui enrichit, et il ne la fait suivre d’aucun chagrin. » Proverbes 10 :22
Les semaines à venir, je vais m’essayer à la complexité, aux tendances lourdes de la gouvernance dans notre pays. Soyez toujours nombreux à me lire.
DJENONTIN-AGOSSOU Valentin
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