Conférence publique sur la démocratie, les valeurs humaines et la consolidation de la paix : Les propos du paneliste Jean-Claude Apithy
(Une initiative de l’Institut des artisans de justice et de paix)
L’institut des artisans de justice et de paix (IAJP) a organisé ce jeudi 11 mai 2023 au chant d’oiseau à Cotonou, une conférence-débat sous forme de panel sur le thème : « Démocratie, valeurs humaines et consolidation de la paix : Enjeux de développement ». Modérée par le journaliste Joël Yétondji, cette rencontre de échanges a été animée par trois panelistes. Il s’agit du député Sêdozan Jean-Claude Apithy de l’Union Progressiste le Renouveau, de son collègue Nourénou Atchadé du parti Les Démocrates et de l’Abbé Camille Sessou, Professeur au Séminaire Saint Gall de Ouidah. Nous vous proposons ci-dessous quelques extraits des interventions du député Sêdozan Jean-Claude Apithy au cours de la conférence.
A propos du thème développé
« Je voudrais avant toute chose remercier l’Institut des artisans de justice et de paix pour cette initiative. Cette occasion que l’Institut nous donne de réfléchir sur un thème qui semble éculé, ressassé et pourtant, si important, lorsqu’on va au fond des choses. Mon collègue l’honorable Atchadé a dit fort justement que depuis l’historique conférence nationale des forces vives de la Nation en 1990, nous sommes dans un régime démocratique et après 30 ans d’exercice de ce régime démocratique, il importe de faire le bilan de la pratique démocratique (…) J’ai la faiblesse de croire que la promotion de la démocratie doit se faire quotidiennement. La promotion de la démocratie suppose l’application de certains principes et l’observance d’un certain nombre de valeurs qu’il convient de rappeler. Les plus importants à mon avis sont : la primauté du droit, la séparation des pouvoirs, l’alternance au pouvoir, l’indépendance de la justice et le respect des droits humains. L’application de tous ces principes et l’observance de toutes ces valeurs a nécessairement un impact positif sur le développement. Il y a une interaction entre l’observance de ces principes avec le processus de développement… »
La démocratie et l’aspiration du peuple : Pourquoi ça ne marche pas partout en Afrique ?
« …En vérité, nous sommes d’accord sur ales principes fondamentaux. Ça ne marche pas tout simplement parce que ces principes ne sont pas respectés (…) Même si dans la Constitution de la plupart de nos pays en Afrique, la séparation des pouvoirs est bien affirmée, ce n’est pas toujours le cas dans la pratique. Prenez l’alternance au pouvoir. _L’alternance est quelque chose qui n’est pas toujours évidente. Elle est quelques fois forcée lorsque nos populations, dans certains cas, se rebellent. Quand elle se fait de manière automatique par la bonne application des textes et de la Constitution, il n’y a aucun problème._ _Quelques fois, ce n’est pas toujours le cas. L’indépendance d la justice est aussi un principe important. En démocratie, la justice n’est pas toujours indépendante. Le respect des droits humains est un principe qu’il faut vraiment affirmer parce que si les droits humains ne sont pas respectés, il va de soi que la paix est menacée. Il va aussi de soi que si dans un pays, il n’y a pas de paix sociale, les citoyens ne seront pas enclins à travailler pour que le développement se fasse. Les citoyens se poseront toujours des questions sur la juste répartition des fruits du développement. Toutes ces implications importantes sont celles qui font que la pratique démocratique peut être mise en péril lorsque les principes de la démocratie ne sont pas respectés_ »
Les coups de force malgré l’expérience de la démocratie
«…La pratique démocratique est essentiellement viciée par le comportement des hommes politiques. Je prends par exemple le cas de certains pays où l’alternance politique n’a pas pu se faire normalement parce que la vie politique était verrouillée, la liberté d’expression muselée. Dans ces cas, la seule issue que certains avaient a été de s’engager dans des coups de force. Je suis tout à fait d’accord qu’il faut absolument ne pas aller dans cette voie. Mais pour ne pas aller dans cette voie, il faut faire en sorte que l’alternance puisse se faire normalement. C’est vrai qu’il y a un certain nombre de dispositifs constitutionnels au niveau de certains pays qui font que qu’ils sont obligés d’aller vers l’alternance. Je voudrais aussi me référer au Protocole additionnel de la CEDEAO sur la démocratie et la bonne gouvernance qui interdit aux Etats de modifier les règles électorales 6 mois avant les élections. Cette disposition du Protocole, quelques fois, n’est pas respectée. Je dirais qu’il faut même aller au-delà de ces dispositions. Ce protocole pourrait aller plus loin en prévoyant des dispositions prohibitives sur la modification conjoncturelle des Constitutions, notamment en ce qui concerne le nombre de mandats et sa durée. Au Bénin, nous ne sommes pas dans cette situation puisque notre Constitution prévoit déjà ces garde-fous (…) Les organisations internationales, quelques fois, n’ont pas toujours la possibilité d’agir et d’infléchir le mauvais cours des choses. Mais il faut noter que la CEDEAO a pu intervenir à Banjul en Gambie pour rétablir le processus démocratique. C’est un exemple rarissime. Qu’est- qu’on peut faire ? J’avoue que les institutions internationales n’ont pas beaucoup de moyens d’actions. Au plan national dans chaque pays, on peut imaginer que les populations s’organisent. Mais il va de soi que si tel était le cas, les conséquences peuvent être incalculables (…) Il faut faire en sorte qu’on en arrive jamais là. Si la classe politique est une classe politique libre et responsable , on n’arrivera jamais là… »
Le vrai problème se trouve dans les hommes politiques
«…Moi je crois que le vrai problème se trouve dans la pratique des hommes politiques, pour peu que ceux-ci aient des ambitions hors normes, plus rien ne peut être prévisible. Aucun dérèglement de gouvernance ne peut exister, lorsqu’un pays est géré selon les règles constitutionnelles… »
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